Ce 29 avril, même la bâche défraîchie devant laquelle s’exprimait l’ancien Premier ministre semblait témoigner du temps écoulé depuis l’annonce des résultats du scrutin présidentiel du 12 avril. Un scrutin qui a vu Brice Clotaire Oligui Nguema l’emporter avec un score écrasant de 94,85%, laissant Alain-Claude Bilie-By-Nze avec 3,11% (19 265 voix), selon les chiffres confirmés par la Cour Constitutionnelle. Pourtant, ce résultat décevant, le ton de Bilie-By-Nze est resté incisif, conquérant, et surtout résolument tourné vers l’avenir.
Juste avant cette rencontre avec les journalistes, il avait tenu à réunir et remercier les différentes coordinations (provinciales, communales, départementales) et les démembrements de sa structure “Ensemble pour le Gabon”, marquant ainsi le début d’une nouvelle phase.
“Pas candidat pour le numéro 2”, refus du “partage du gâteau”
Face aux questions sur d’éventuels arrangements politiques, Alain-Claude Bilie-By-Nze a réaffirmé sa ligne avec force : “Non […] cette pratique qui a voulu qu’on […] se partage le gâteau […] Je ne suis pas dans cette vision.” Il a fustigé une méthode qui, selon lui, “a fait beaucoup de mal à notre pays”. Revendiquant sa propre trajectoire malgré les “suspicions”, il a rappelé son ambition initiale : “Je n’étais pas candidat pour le numéro 2. J’étais candidat pour être élu.”
Analysant le résultat, il concède un déficit de notoriété ou de compréhension de son offre politique : “les compatriotes […] n’ont peut-être pas été tous au courant de ce projet. Ils n’ont peut-être pas bien compris.” Mais sa conviction reste intacte : “je suis convaincu que c’est le meilleur projet pour le Gabon.” Sa mission désormais : “travailler pour que ce projet soit connu […], qu’il soit partagé […] et qu’il devienne majoritaire.”
Un parti politique pour porter le projet, la transition critiquée
S’appuyant sur les voix obtenues (“les suffrages qu’on nous a attribués, on les prend”), Bilie-By-Nze a confirmé la prochaine étape : “porter notre projet politique à travers un instrument dédié, donc un parti politique.” Les statuts seront déposés, et la collaboration avec les partis alliés se poursuivra “dans une coalition”, a-t-il assuré, insistant sur la liberté : “personne ne mettra personne dans une camisole de force.”
Il n’a pas manqué de critiquer vertement le séquencement de la fin de transition. Le choix de commencer par la présidentielle mène, selon lui, à une “gouvernance […] devant un parlement à caution.” Son diagnostic est clair : “la transition se poursuit et n’est pas terminée,” puisque les institutions clés restent celles de la transition. “Chacun assume ses choix devant l’histoire,” a-t-il philosophé.
Les législatives : un “test” sans pression majeure
Quant aux élections législatives à venir, Bilie-By-Nze les aborde avec pragmatisme. Ce ne sera “pas un élément majeur” dans l’immédiat, car la Constitution “présidentialiste” a, dit-il, “enlevé toute substance au Parlement.” L’heure est à la structuration : “Nous sommes une formation politique nouvelle. Il nous faut nous implanter sur le terrain.” L’échéance servira donc de “test pour voir comment nous sommes implantés.” Pas question de bouder le scrutin : “S’il y a des candidats […] bien implantés, on va les accompagner.” Il a aussi pointé les “préalables” manquants, comme la clarté sur le “découpage électoral.”
En définitive, Alain-Claude Bilie-By-Nze a marqué cette journée comme un point de bascule : “Le 12 avril a été la fin d’une époque. Le 12 avril a ouvert la porte pour une nouvelle époque.” Entre les échos de la rumba et la brise marine, l’opposant a planté le décor de son nouveau combat : construire, patiemment mais résolument, une alternative politique depuis les fondations.