Le silence assourdissant de Plaine-Orety
Le 2 juin dernier, les bulldozers du génie militaire ont démoli les habitations du quartier Plaine-Orety sous forte escorte de la gendarmerie, déguerpissant manu militari les occupants. Stupeur et désolation ont envahi le pays.
Face à l’indignation générale, le gouvernement a peiné pendant plusieurs jours à reprendre la main sur ce dossier brûlant, avant que le chef de l’État ne reprenne en main le dossier à son retour de Malabo. L’égarement des ministres de l’Habitat et des Travaux publics était flagrant. L’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, était jeté publiquement en pâture par des membres de la société civile et des déguerpis affirmaient n’avoir reçu aucune indemnisation, ni aucune sommation à quitter les lieux. Dans ce capharnaüm, le numéro deux de la Primature, après le chef du gouvernement, Oligui Nguema, la voix de Barro Chambrier est restée étonnamment silencieuse. Tout au long de cette crise, sa présence fut, pour le moins, curieusement transparente. Pas de descente sur le site, pas de déclaration : c’était comme si après Oligui Nguema, le gouvernement n’avait pas un second patron.
Preuve en est encore le lundi 16 juin : lorsque le président de la République, Oligui Nguema, a reçu le collectif des sinistrés de Plaine-Orety au Palais Rénovation, c’est au vice-président de la République, Séraphin Moundounga, qu’il a confié la présidence d’une commission cruciale. Cette commission est chargée de recenser minutieusement toutes les personnes impactées, de vérifier les déclarations de biens détruits et de comparer les informations avec les listes gouvernementales existantes.
Bis repetita le 21 juin 2025. Lorsqu’Oligui Nguema a effectué une visite d’inspection sur les sites de deux projets majeurs de sa mandature – la future Cité Administrative, située derrière l’Assemblée Nationale, et le chantier du futur échangeur du Camp De Gaulle –, le Vice-Président du Gouvernement était, une fois de plus, absent.
Loin du ministre XXL d’antan
Nous sommes désormais bien loin de l’époque où un Barro Chambrier était à la tête d’un ministère XXL, taillé sur mesure en tant que Vice-Premier ministre, Ministre de la Planification et de la Prospective. À ce poste, il donnait un dynamisme certain au gouvernement du Premier ministre Raymond Ndong Sima, au point de lui faire parfois, à tort ou à raison, de l’ombre.
Ces événements successifs soulèvent une interrogation légitime : la transparence actuelle d’Alexandre Barro Chambrier est-elle une stratégie délibérée ou le signe d’une difficulté à s’imposer dans la configuration de la nouvelle Constitution, où le chef de l’État est désormais aussi le chef du gouvernement ?