L’ex-président a comparu en tant que partie civile, un statut de victime, devant le tribunal judiciaire de Paris. Les juges d’instruction spécialisées du pôle Crimes contre l’humanité ont mené l’audition, confirmant la gravité des accusations. Pour les avocats de la famille Bongo, Mes François Zimeray, Pierre-Olivier Sur, Catalina de la Sota et Clara Gérard-Rodriguez, cette avancée est une “satisfaction face au travail des juges”.
Ce développement intervient après l’ouverture, en janvier 2025, d’une information judiciaire contre X pour tortures et actes de barbarie, enlèvement et séquestration en bande organisée. Des sources proches du dossier indiquent que “les investigations avancent bien et permettent de trouver des dates, des faits précis et des responsables” des violences dénoncées.
Le contexte est complexe. Ali Bongo avait été assigné à résidence surveillée, tandis que son épouse, Sylvia, et leur fils, Noureddin, étaient emprisonnés après le coup d’État d’août 2023. Leur départ discret vers l’Angola, le 16 mai 2024, alors qu’un procès était en préparation, avait déjà indigné l’opinion publique gabonaise, qui y voyait un possible arrangement politique avec le nouveau régime du général Brice Clotaire Oligui Nguema. Cependant, l’audition de Bongo à Paris suggère que cet arrangement, s’il a existé, n’est plus d’actualité.
Alors que Libreville a toujours nié ces accusations, les avocats de l’épouse d’Ali Bongo, née en France, et de son fils, ont maintes fois affirmé qu’ils avaient subi des tortures pendant leur détention. La question qui se pose désormais est de savoir si des hauts gradés de l’armée gabonaise seront entendus et poursuivis par la justice française. Une chose est sûre, il est désormais certain qu’un procès par contumace de Sylvia et Noureddin, poursuivis par la justice gabonaise entre autres pour corruption massive, se tiendra à Libreville.
Le gouvernement gabonais n’a pas encore réagi officiellement. Néanmoins, l’ouverture d’une enquête judiciaire en France impliquant des figures du régime d’Oligui Nguema pourrait bien créer des frictions significatives entre les deux nations, la France étant un partenaire historique du Gabon.