L’Iboga : Un exercice pour le Gabon, pas un diktat étranger
Hervais Omva a tenu à relativiser la portée de l’événement américain, le qualifiant d’« exercice » qui doit avant tout servir le Gabon. Il a souligné avec force : « Ce n’est pas ce qui va se décider au Colorado ou au Texas qui va donner les orientations de l’Iboga qui est sur la terre du Gabon. Non, ce n’est pas ça. »
Selon lui, la plante sacrée, reconnue comme faisant partie du patrimoine culturel gabonais, « choisit les gens qui vont parler pour l’Iboga ». La conférence d’Aspen est ainsi perçue comme un catalyseur pour le Gabon, l’incitant à « construire un modèle économique » structuré, adapté au respect des valeurs culturelles et traditionnelles du pays, tout en tenant compte des aspects pharmaceutiques, des compléments alimentaires (boissons, énergie) et des produits cosmétiques. L’objectif n’est pas de se laisser dicter une politique de prix, car « ce n’est pas pour nous dire que vous devez vendre votre iboga à X ou Y. Non, non, non, non, non, ce n’est pas ça. »
Transformation locale intégrale et construction de laboratoires
L’idée maîtresse d’Omva, alignée sur les récentes orientations nationales, est d’exiger la transformation intégrale de l’Iboga sur le territoire gabonais. Il considère l’Iboga comme une matière première stratégique – « tout comme la résine d’okoumé tout comme l’huile de Moabi » – qui doit être transformée « à 100 % sur le territoire national ».
Pour concrétiser cette vision, la démarche est claire : « Vous voulez l’Ibogaïne à base de l’Iboga du Gabon, mais il faut construire les laboratoires au Gabon. » Il a également rassuré sur l’expertise disponible, mentionnant les « Gabonais qui travaillent dans des grosses universités à l’extérieur » et qui attendent la création de ces infrastructures pour effectuer ces analyses sur place. Il n’est donc « pas question de courir vers cette grande rencontre aux États-Unis », mais plutôt de « s’organiser encore plus » et de « continuer à planter ».
Réglementer l’initiation et stopper le « pillage »
En tant que traditionnaliste, Hervais Omva a également abordé la question de l’exploitation non contrôlée du savoir ancestral. Il dénonce le « pillage » des ressources et de l’intelligence gabonaise. Il pointe notamment l’exportation des initiations : « toute forme d’initiation qui se passe aujourd’hui à coup de millions de francs CFA et qui est exportée et dont le cadre ne rentre dans rien du tout au niveau du trésor gabonais, tout cela, il faudra que ce soit réglementé. »
Il souligne que ce sont l’intelligence, le savoir-faire et le savoir-être ancestral gabonais qui sont ainsi exportés, comme ce fut le cas pour le pétrole, le manganèse et le bois. Il salue d’ailleurs l’engagement de la Première Dame et du Dr Louma sur les problèmes d’addiction, des initiatives qu’il « soutient pleinement ». Son avis, cependant, est de dire que l’Iboga doit faire partie des matières premières à transformer sur place. L’objectif est de s’assurer que les « plateformes qui sont en train de se mettre en place » se renforcent et se structurent bien pour aller de l’avant.