Au cours de cet échange, le juge admet sans détour subir des pressions considérables de la part du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Noureddin, ancien coordinateur général des affaires présidentielles et fils du président déchu Ali Bongo, livre un témoignage poignant sur les circonstances de son arrestation et celle de sa famille.
Le juge en charge de l’instruction déclare sans ambages : « J’ai eu des membres du CTRI… on doit vous condamner. » Cette phrase souligne l’intensité des pressions exercées sur le système judiciaire au lendemain du coup d’Etat.
Noureddin revient ensuite sur les détails glaçants de son arrestation : « On m’a enlevé le 29. » Il poursuit en expliquant : « Moi, on est venu débarquer chez moi. Il y a eu une attaque. » Il rapporte ensuite les ordres reçus : « “Vous sécurisez, vous et votre famille, le général vous attend au palais.” » Une fois l’ordre donné, la situation a basculé : « Ma femme et moi… ma femme a réveillé les enfants. » La famille a été brutalement séparée : « On nous a séparés, on m’a violenté, on m’a poussé dans le blindé. » Noureddin a finalement été conduit et « mis dans un cachot. » Le lendemain de son arrestation, il se retrouve face à une réalité déconcertante : « J’ai l’argent devant moi. »
Ce dernier point est particulièrement marquant, car le lendemain du coup d’État, une vidéo a inondé les télévisions et les réseaux sociaux au Gabon. On y voyait Noureddin aux côtés de Ian Ghislain Ngoulou, exposés devant des valises d’argent. Cette image, diffusée en boucle, a fortement marqué l’opinion publique.
Face à cette situation, Noureddin décrit sa réaction : « Je fais une scène, je ne suis pas d’accord. » Il interpelle directement le Procureur de la République : « Je lui dis : “Monsieur le procureur, c’est quoi ça ?” » La réponse du procureur, empreinte d’une certaine ironie au vu des circonstances, aurait été : « Ne vous inquiétez pas, il y aura la présomption d’innocence. »
Ce témoignage offre un aperçu historique rare des coulisses du coup d’Etat du 30 août 2023 notamment sur les conditions de la chute des Bongo.