“Je suis aujourd’hui un homme heureux,” a déclaré Hervais Omva Ovono qui s’est confié à notre rédaction. “Certains sont heureux à la suite d’un conseil des ministres par leur nomination, ou les nominations d’un proche ou un ami, ainsi de suite. Moi, Hervais Omva Ovono, je suis heureux aujourd’hui, très heureux, mais vraiment très heureux, par les décisions qui ont été prises concernant le secteur agricole au Gabon.” Pour lui, l’arrêt de l’importation et l’interdiction prochaine, d’ici 2027, de l’importation de poulets congelés, couplées à la création d’un fonds agricole, sont des “décisions stratégiques” qui vont catalyser le développement de la filière avicole locale.
Selon Hervais Omva Ovono, l’impact de ces mesures sera considérable et multidimensionnel. “L’élevage de poulets de chair va permettre de développer la filière céréalienne,” explique-t-il, soulignant la nécessité de produire localement du maïs et du soja. Cette dynamique est destinée à créer “des centaines d’emplois par millier… des centaines d’emplois en milieu rural,” offrant une nouvelle vitalité à de nombreux villages. Hervais Omva Ovono va même plus loin en affirmant que cela “va revitaliser nos villages.”
Mais l’ambition va bien au-delà de l’élevage et de la culture. Une chaîne de valeurs entière est appelée à éclore. La fabrication d’outillage agricole — machettes, râteaux, houes — deviendra possible grâce à la valorisation locale du manganèse gabonais. “Nous pouvons fabriquer des machettes, des râteaux, les peines, les houes, tout l’outillage dont nous avons besoin,” précise-t-il. L’artisanat prendra son essor avec la production de moulins pour transformer le manioc, essentiel tant pour l’alimentation humaine qu’animale. Des instituts de recherche, tel que l’IRT, seront mobilisés pour concevoir des “moulins et moteurs made in Gabon”, impulsant une “véritable révolution entrepreneuriale.”
La mise en place d’une filière avicole complète inclura également le développement de micro-abattoirs et d’une chaîne du froid et de la logistique associée, générant de nouvelles opportunités d’emplois et de services.
Hervais Omva Ovono insiste sur le rôle primordial de la formation des éleveurs. Il préconise une “formation duale”, axée sur 75% de pratique et 25% de théorie. Cette approche permettra de former des producteurs qualifiés directement sur le terrain, capables de gérer efficacement plusieurs bandes de poulets en seulement six mois. “Nous formons des producteurs au bout de 6 mois… nous avons des jeunes aviculteurs formés,” affirme-t-il avec enthousiasme. “Au bout de 6 mois, ils ont réussi à mettre en place 2 à 3 bandes de poulet. Quand quelqu’un a déjà mis en place 2 à 3 bandes, a été formé sur 2 à 3 bandes de poulet, mais c’est quelqu’un à qui on peut déjà confier 1000 poussins. Et il les amène à terme au bout de 50 jours, les poussins sont à l’abattoir. Voilà la révolution qui arrive.”
Pour le Gabon, cette transformation s’appuiera sur des modèles éprouvés. Hervais Omva Ovono a salué la diplomatie Sud-Sud initiée par le chef de l’État et le vice-président Oligue Nguema. La récente visite de l’ancien vice-président zambien, porteur d’un message du président zambien l’invitant à un voyage officiel en Zambie — lui-même grand fermier — illustre la volonté de s’inspirer de pays producteurs comme la Zambie. “Voilà un modèle sur lequel nous pouvons nous appuyer pour développer notre secteur agricole,” déclare-t-il, soulignant que la Zambie est un pays producteur.
En somme, l’élevage de poulets, la culture des céréales, la production d’engrais et de produits vétérinaires, la fabrication d’outils et de machines, ainsi que la formation des compétences, sont autant de piliers d’une dynamique qui promet de générer des milliers d’emplois et de propulser le Gabon vers une pleine souveraineté alimentaire.