Depuis le 5 mai 2025, à l’âge de 68 ans, Henri-Claude Oyima, président-directeur général emblématique du groupe BGFIBank depuis quatre décennies, embrasse une nouvelle fonction d’envergure. Il est désormais à la tête d’un portefeuille ministériel XXL, taillé sur mesure : ministre d’État de l’Économie, des Finances, des Participations, de la Dette, avec la lourde tâche de lutter contre la vie chère.
Son entrée dans le premier gouvernement civil de la Cinquième République, faisant suite à la victoire de Brice Clotaire Oligui Nguema à la présidentielle du 12 avril dernier, ne marque pas seulement une étape clé de la transition post-coup d’État du 30 août 2023. Elle ouvre également la très attendue succession d’Henri-Claude Oyima au sein du groupe bancaire panafricain. La question est sur toutes les lèvres : qui prendra les rênes du groupe et de ses filiales implantées dans dix pays ? Une certitude demeure : le successeur d’Oyima sera un Gabonais.
Le 9 mai, la holding BGFIBank tenait son Assemblée générale sous la présidence d’Oyima. La veille, entouré de 30 de ses collègues ministres, il prêtait serment devant le président de la République. Si l’ordre du jour de cette Assemblée portait officiellement sur la reddition des comptes et le projet d’introduction de 10 % du capital social du groupe à la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC), c’est bien la succession d’Oyima qui occupait tous les esprits. Annoncera-t-il sa démission ?
Devant les actionnaires et les responsables du groupe, malgré la polémique suscitée par son entrée au gouvernement et les appels insistants à sa démission de BGFIBank, le patron des patrons et maître des horloges a botté en touche. Il a promis un départ « structuré ». « On ne quitte pas une maison qu’on a bâtie depuis 40 ans du jour au lendemain. Ce serait irresponsable. On ne saute pas d’un avion en plein vol. Il faut amorcer un atterrissage progressif, maîtrisé », a-t-il déclaré, soulignant la complexité d’une transition à la tête d’une institution d’une telle envergure.
Si les actionnaires ont approuvé les résultats financiers du groupe et annoncé une Assemblée générale extraordinaire le 4 juin 2025 concernant l’introduction boursière, le départ d’Oyima ne semble pas imminent. En attendant, plusieurs noms circulent pour le remplacer.
Les prétendants à la succession
Parmi les noms qui circulent, Huguette Oyini est souvent citée comme la successeure naturelle. Elle occupe le poste de directrice générale adjointe depuis près de 10 ans, ayant intégré le groupe en janvier 2002 en tant que gestionnaire des garanties et assurances groupe, gravissant tous les échelons.
Autre figure potentielle, Dimitri Kevin Ndjebi, l’actuel directeur général de BGFIBank Gabon depuis juin 2023. Il a rejoint la holding en 2008 en tant qu’analyste crédit, et son parcours au sein du groupe en fait un candidat sérieux.
Dans la liste il y a aussi Franck Yann Koubdje, ancien conseiller spécial d’Oligui Nguema au palais, a été nommé en février dernier administrateur à la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) à Yaoundé pour le compte du Gabon. Son passage par BGFIBank et sa nomination en 2023 comme directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor avaient suscité une polémique quant à la conformité de son profil avec les textes réglementaires de l’administration concernée.
Vers un potentiel retour de Ludwine Oyeni Amoni ?
Parmi les noms envisagés pour succéder à Oyima, celui de Ludwine Oyeni Amoni refait surface. L’actuelle directrice générale adjointe de la Comptabilité publique et du Trésor a déjà une solide expérience au sein du groupe, ayant été directrice générale de la filiale de Libreville, BGFIBank Gabon, entre 2017 et 2019.
Un outsider de taille
Parmi les principaux outsiders, on retrouve Ismaël Libizangomo, qui est à la tête de BGFI Capital. Le 17 mai 2024, il a été élu parmi les administrateurs de catégorie D de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), représentant plusieurs entités du groupe BGFIBank, à savoir Assinco, BGFI Bank, BGFI Capital, Ogar, Ogarvie et Sogafric Holdings. Homme des réseaux, il est proche du président congolais, Denis Sassou-Nguesso.