Des ambitions budgétaires jugées intenables
L’opposition s’alarme des chiffres vertigineux affichés par le gouvernement. Le budget 2026 est arrêté à plus de 7 000 milliards de francs CFA, soit un doublement des montants habituellement observés au Gabon au cours de la dernière décennie. L’objectif ambitieux d’atteindre une croissance économique de plus de 7 %, soit trois fois la moyenne récente, est au cœur de la polémique.
« Le budget 2026 tel que présenté est un alignement de chiffres qui se veulent impressionnants mais qui ne changeront rien à la vie de nos compatriotes. Pour impressionnants qu’ils soient, ces chiffres étonnent et inquiètent les observateurs avertis quant à leur sincérité et à la possibilité de les matérialiser », a déclaré Bilie-By-Nze.
Le leader de l’EPG s’aligne sur les réserves émises par de grandes institutions financières. Il a rappelé que des organismes comme la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) avaient déjà émis de sérieuses réserves sur la crédibilité des hypothèses du pays. L’agence de notation Fitch Ratings partage également ce scepticisme, allant jusqu’à maintenir la note souveraine du Gabon à un niveau élevé de risque de défaut (3C), en raison des vulnérabilités structurelles de l’économie.
L’ancien Premier ministre a souligné le manque de cohérence régionale : « Dans tous les pays de la zone CEMAC, le Gabon est le seul dont le budget passerait du simple au double. Il est également le seul dont le taux de croissance serait multiplié par trois. »
La cherté de la vie amplifiée par de nouvelles taxes
Au-delà des doutes sur l’expansion budgétaire, l’opposition dénonce le volet fiscal du PLF 2026. Selon M. Bilie-By-Nze, la nouvelle loi de finances ne prévoit aucune mesure forte pour soulager des ménages déjà étranglés par la vie chère. Au contraire, elle comporte de multiples taxes qui vont accentuer la précarité des populations.
Il a notamment pointé du doigt l’augmentation de la taxe sur l’électricité de 9 %, un coût qui pèsera lourdement sur la production, les échanges, les PME et le panier de la ménagère. Les communications téléphoniques et l’internet augmentent également de 5 %, s’ajoutant aux taxes existantes. D’autres produits de consommation courante, comme les eaux minérales et certaines boissons, seront aussi touchés. Ces hausses surviennent alors que l’augmentation des salaires dans la fonction publique n’a pas été revue depuis 2015.
Une « hécatombe » sanitaire ignorée
L’inquiétude majeure de l’EPG concerne la santé publique. Bilie-By-Nze a révélé que le pays aurait enregistré plus de 18 000 décès sur les dix premiers mois de 2025, un chiffre qualifié d’« hécatombe ». Face à cette crise sanitaire dramatique, le budget 2026 prévoit paradoxalement une réduction drastique des montants consacrés à l’achat de médicaments et de consommables dans les hôpitaux.
Dans le même temps, la CNAMGS, considérée comme un pilier d’aide sociale pour le remboursement des soins, affiche un déficit de plus de 100 milliards de francs CFA et est jugée « au bord de l’affichage » sans que le PLF ne prévoie de mesure de redressement concrète.
Promesses non tenues et dépenses de prestige
Enfin, l’opposition a accusé le gouvernement de ne pas prendre la mesure de la détresse sociale. Bilie-By-Nze a rappelé les promesses non tenues, notamment la création annoncée de 163 000 emplois dans des projets d’infrastructures majeurs, comme le chemin de fer Belinga-Mayumba et le port en eaux profondes de Mayumba, dont les travaux n’ont même pas commencé.
Il a fustigé une « cacophonie gouvernementale » sur le déblocage de l’accès à la fonction publique et a dénoncé l’inertie sur des problèmes sociaux urgents comme l’emploi des jeunes et la situation des populations déguerpies de Plaines Orety ou du carrefour SNI.
L’ancien chef du gouvernement a conclu en dénonçant la persistance des dépenses de prestige (Cité de la Démocratie, salle de conférence Omar Bongo Ondimba) qui engloutissent des milliards de francs CFA au détriment des urgences sociales et de l’investissement productif.










