La position d’Eramet face à la nouvelle stratégie gabonaise
« Le Gabon a annoncé vouloir cesser l’exportation de minerai brut ou concentré dès le 1er janvier 2029, pour le transformer localement. Nous prenons acte de cette volonté, même si cela pose de nombreux défis. Cette décision ne nous met pas hors-jeu. En tant qu’extracteur, nous avons une position très forte au Gabon et un rôle majeur dans l’industrie mondiale du manganèse », explique Christel Bories.
Les défis colossaux de la transformation sur place
« Transformer l’intégralité de la production de manganèse du Gabon sur place est un projet d’une ampleur considérable pour un petit pays de 2 millions d’habitants. Cela exigerait une augmentation massive des infrastructures énergétiques et de transport. C’est comme vouloir installer au Gabon l’équivalent de deux fois la capacité de transformation de l’Europe. Nous allons bien sûr étudier cela avec les autorités gabonaises. Nous coopérerons, comme toujours, pour maximiser les activités au Gabon avec notre partenaire local », assure la PDG.
Elle ajoute : « Mais les enjeux sont tels que certains analystes jugent ce projet irréaliste. Il y a en effet de grandes questions de faisabilité pour y parvenir dans le délai imparti. »
Rentabilité et conditions sine qua non pour la transformation
« La transformation doit être rentable. Nous transformons déjà le manganèse dans nos trois usines en Norvège, une aux États-Unis et une petite dans le nord de la France. Pour cela, il faut une énergie abondante, peu chère et verte. C’est ce que nous avons grâce à l’hydroélectricité en Norvège et au nucléaire en France. Nous avons d’ailleurs déjà une usine au Gabon qui utilise l’hydroélectricité. Une transformation locale pourrait être rentable, à condition que ces conditions énergétiques soient réunies. »
L’intérêt économique du Gabon au cœur des réflexions
« Si nous n’y parvenons pas, je pense que le Gabon n’aurait pas intérêt à se “tirer une balle dans le pied”. Aujourd’hui, l’exportation du minerai génère énormément de valeur pour le pays. Nous payons beaucoup d’impôts et de dividendes. L’État gabonais est lui-même actionnaire à près de 30% de notre filiale et bénéficie déjà grandement de la création de valeur liée à cette exportation. », a-t-elle déclaré
« Le Gabon devra donc faire ses calculs pour déterminer ce qui est le plus rentable pour le pays : continuer à exporter ou transformer davantage. Nous les accompagnerons dans ces arbitrages », a-t-elle conclu.