Le séminaire qui a mis le feu aux poudres
L’événement déclencheur de cette crise remonterait à mars 2024, lors d’une retraite stratégique organisée à la Baie des Tortues. Selon notre source, deux consultants étrangers, recrutés par la direction, auraient tenu des propos jugés “insultants” et “humiliants” à l’encontre des employés gabonais, les qualifiant de “paresseux” et insinuant leur incapacité à suivre une formation sérieuse. Ces déclarations auraient provoqué une onde de choc et l’indignation de plusieurs cadres présents. La situation se serait tellement envenimée que le Directeur Général, Mevi Carlos Maxime, aurait quitté précipitamment les lieux en bateau, laissant le personnel sur place sans clôturer formellement les travaux du séminaire.
Des nominations et une gouvernance contestée
Au-delà de cet incident, le malaise se serait approfondi avec l’arrivée de plusieurs collaborateurs étrangers, notamment du Togo, pour occuper des postes de direction clés (recouvrement, crédit). Ces derniers, bien que présentés comme étant “en appui”, signeraient des documents engageant la banque sans nominations officielles ni autorisations légales de travail, selon les dires du cadre. “On est à risque juridique, et tout cela sans la moindre transparence”, s’inquiète-t-il, soulignant une potentielle infraction à la réglementation bancaire.
Un style de communication qui divise
La communication du nouveau dirigeant, Mevi Carlos Maxime, est également pointée du doigt, décrite comme “inexistante voire agressive”. Notre source évoque une multiplication des demandes d’explications adressées aux directeurs, des conflits récurrents avec les responsables et un refus apparent de discuter des objectifs stratégiques de la banque. “Il est en conflit avec tous ses directeurs”, déplore le cadre. Lors d’un récent comité de direction, les tentatives des cadres d’alerter sur l’absence de cap stratégique, l’opacité des processus et les dangers des pratiques actuelles se seraient heurtées à un mur, le DG allant jusqu’à parler d’“ennemis internes”.
Une absence remarquée dans le soutien à la transition nationale
Alors que le Gabon traverse une période de transition politique, l’attitude d’Orabank Gabon détonne. Contrairement à d’autres établissements financiers locaux, comme la BGFI Bank, publiquement félicitée par le Président de la République pour son soutien, Orabank se serait distinguée par son silence et son retrait. Cette absence d’engagement dans les initiatives d’appui à l’économie nationale post-coup d’État est perçue comme un signal négatif et un désengagement d’une banque pourtant implantée localement depuis plusieurs années.
Un leadership jugé déconnecté des réalités locales
Un autre reproche majeur concerne l’orientation de la direction actuelle, jugée trop tournée vers des intérêts étrangers, notamment béninois – origine du DG Mevi Carlos Maxime – et togolais. De nombreux cadres déploreraient une prise en compte insuffisante des spécificités locales et du vivier de compétences gabonaises, alimentant un sentiment d’exclusion.
Face à ce qu’ils décrivent comme un “management approximatif” et une gouvernance dangereuse pour la cohésion interne et la stabilité de l’institution, les agents interrogés s’inquiètent. La concentration des décisions, l’absence de gouvernance partagée et le mépris des sensibilités locales créeraient un “climat toxique”. “Ce sont les Gabonais qui en souffrent”, conclut un cadre, appelant à un “changement rapide de leadership”.