L’agence de notation Fitch Ratings a annoncé, ce vendredi 19 décembre 2025, l’abaissement des notes souveraines du Gabon. Face à une impasse financière et une accumulation d’arriérés, le gouvernement voit ses perspectives d’accès aux financements s’assombrir considérablement.
Fitch Ratings a abaissé la note de défaut émetteur (IDR) à long terme en devises étrangères du Gabon de « CCC » à « CCC- ». Plus alarmant encore, la note en monnaie locale (LTLC) plonge de deux crans pour atteindre « CC », signalant un risque de défaut extrêmement élevé sur le marché intérieur.
Selon les analystes de l’agence basée à Londres, cette décision s’explique par une « aggravation des tensions de liquidité ». Le gouvernement gabonais fait face à un effet de ciseau périlleux : d’un côté, une augmentation massive des dépenses publiques et des déficits budgétaires ; de l’autre, un assèchement des sources de financement.
L’accès au marché régional de la CEMAC, autrefois poumon financier du pays, est désormais « considérablement affaibli ». Les investisseurs boudent les obligations gabonaises depuis la fin d’un traitement préférentiel accordé par le régulateur (COBAC) début 2025. Résultat : plusieurs levées de fonds ont échoué, ne récoltant pas la moitié des montants espérés.
Depuis le changement de régime en août 2023, la nouvelle direction a fait de l’augmentation des dépenses publiques une priorité pour répondre aux pressions sociales. Cette politique expansionniste a un coût : Fitch prévoit un déficit budgétaire de 6,1 % du PIB pour 2025.
Pour combler ce trou, l’État accumule des dettes. Les arriérés de paiement envers les fournisseurs locaux et les créanciers internationaux (bilatéraux et multilatéraux) s’accumulent. Ces impayés ferment les portes à de nouveaux financements officiels, créant un cercle vicieux.
Fitch estime qu’un nouveau programme avec le Fonds Monétaire International (FMI) est « peu probable » à court terme. Cette réticence s’explique par la persistance des arriérés de paiement, une politique budgétaire jugée trop dispendieuse ainsi que la nécessité de réformes radicales et politiquement impopulaires dans un climat d’instabilité.
La trajectoire de l’endettement public est jugée préoccupante. Fitch anticipe que la dette atteindra 80,4 % du PIB fin 2025, pour grimper jusqu’à 86,7 % en 2027. À titre de comparaison, la médiane des pays notés dans des catégories similaires se situe autour de 66 %.
Malgré un PIB par habitant supérieur à ses voisins, le Gabon reste vulnérable à la volatilité des prix du pétrole et souffre de « carences persistantes dans la gestion des finances publiques ». Le ralentissement de la croissance, prévu à 2,7 % pour 2026, ne facilitera pas la tâche du gouvernement pour honorer ses engagements, notamment les remboursements colossaux attendus sur le marché local en 2026 (représentant 8 % du PIB).
L’agence prévient : tout moratoire unilatéral ou signe d’incapacité à servir la dette extérieure pourrait entraîner une nouvelle dégradation, poussant le pays vers le défaut de paiement officiel.










