Si une grande partie de l’opinion y a vu un canular de la part des activistes très critiques envers le pouvoir, le Procureur général auprès de la cour d’appel de Libreville, Eddy Minang (dont le nom a été cité à côté de plusieurs autres personnalités comme l’ancien Directeur général de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, Fabrice Andjoua, ou du directeur de cabinet du Président de la République, Arthur Lemami, ou plus invraisemblablement feu le Président Omar Bongo, pourtant décédé en 2009), a reconnu lors de son réquisitoire avoir touché cet argent, mais seulement dans l’exercice de ses fonctions.
La reconnaissance et la justification du Procureur
Lors de son réquisitoire devant le président de la Cour criminelle spéciale de Libreville, Maixent Essa Assoumou, le Procureur général a confirmé avoir reçu les sommes mentionnées, mais a démenti avec véhémence toute accusation d’enrichissement personnel ou de vol.
Eddy Minang a ainsi reconnu la perception de 24, 25 et 7 millions de francs CFA pour les années 2017, 2018 et 2024. Il a cependant tenu à clarifier l’usage de ces fonds, affirmant que les montants de 2017 et 2018 étaient liés à ses fonctions antérieures :
« Oui, j’ai reçu cet argent. Mais en 2017 et en 2018, ce n’était pas de l’argent personnel. C’était à ma qualité d’ordonnateur des crédits, à ma qualité de Procureur général après la cour d’appel judiciaire d’Oyem. C’était pour organiser les sessions criminelles à Oyem. »
Le Procureur général a ajouté que c’est également à ce même titre qu’il a reçu des fonds pour l’organisation de la session criminelle actuelle.
Concernant le montant le plus récent, celui de 7 millions de francs CFA pour 2024, Eddy Minang a indiqué qu’il s’agissait de ses « perdièmes », à savoir ses indemnités journalières de mission, en sa qualité de membre du Bureau du Dialogue National Inclusif tenu au stade d’Agondjé en 2024.
La dénonciation des fuites de l’État
Tout en se défendant, le Procureur général a vivement critiqué l’individu qu’il a accusé de le diffamer, et a surtout pointé du doigt la facilité avec laquelle des documents classifiés de l’État se retrouvent sur les réseaux sociaux.
Eddy Minang a énuméré les fuites récentes — incluant le tableau du Trésor, un certificat médical, un mandat de dépôt, et même un document « secret défense » — pour déplorer la perte du sens éthique et du secret professionnel au sein de l’administration. Il a interpellé le président de la Cour :
« Est-ce que vous réalisez ça, M. le Président ? Un document interne du Trésor public se retrouve sur les réseaux sociaux. […] Où est l’éthique professionnelle ? Où est le respect du secret professionnel ? »
Cette affaire révèle non seulement une potentielle faille dans la sécurité des données internes du Trésor public, mais elle met aussi en lumière la délicate ligne de démarcation entre les fonds de mission officiels et la perception d’avantages par les hauts fonctionnaires, dans un climat de forte exigence de transparence.










