Un an avant que son nom ne soit officiellement mentionné par le Parquet, dans le sillage des enquêtes post-coup d’État, Bilie-By-Nze s’était déjà expliqué publiquement sur la radio Urban FM. Des rumeurs persistantes circulaient alors sur son éventuelle interpellation en raison de son rôle en tant que Premier ministre sous le régime déchu d’Ali Bongo Ondimba.
La condition d’une justice non sélective
Loin de se dérober, Bilie-By-Nze avait alors établi une condition claire à son acceptation d’une peine de prison : l’application stricte et égale de la loi à l’ensemble de ses prédécesseurs.
“Si on me dit, M. Bilie-By-Nze oui, vous avez été le premier ministre d’Ali, oui, vous devez aller en prison. OK. Parce que j’ai été le premier ministre, je vais en prison. Mais donc tous ceux qui ont été le premier ministre avant moi iront en prison,” avait-il déclaré.
L’ancien Premier ministre a ainsi mis en garde les autorités contre une justice perçue comme un règlement de comptes ciblé, insistant sur le fait que la responsabilité devait être collective pour tous ceux ayant occupé la fonction suprême sous le règne d’Ali Bongo Ondimba.
La liste des co-responsables
Pour appuyer son propos, Bilie-By-Nze a énuméré ses prédécesseurs, rappelant qu’ils partageaient le même passé institutionnel. Il a cité, entre autres, Paul Biyoghe Mba, Raymond Ndong Sima, Daniel Ona Ondo, Julien Nkoghe Bekale, et Rose Christiane Ossouka Raponda, affirmant qu’ils devraient tous être incarcérés “Du seul fait qu’ils ont été premiers ministres.”
Il a également soulevé la question de l’ère Omar Bongo, pointant du doigt l’absence d’examen des pratiques de cette période.
La conclusion de son plaidoyer à l’époque fut une déclaration retentissante, qui prend aujourd’hui tout son sens face à la menace de convocation : “Une fois qu’on a fait ça, j’irai moi-même ouvrir les portes de la prison avant qu’on m’appelle.”
Un autre bras de fer : La Cour des comptes
Le risque d’une convocation par le Parquet n’est pas le seul front judiciaire ouvert contre Alain-Claude Bilie-By-Nze. L’opposant – qui est arrivé deuxième à l’élection présidentielle d’avril dernier – fait déjà l’objet d’un autre bras de fer avec la Cour des comptes.
Celle-ci exige que Bilie-By-Nze fournisse ses comptes de campagne électorale, comme l’exige la loi. Cependant, le principal opposant au président de la République, Clotaire Oligui Nguema, refuse de s’y plier. Il juge cette demande anticonstitutionnelle, arguant que le rôle de la Cour des comptes est de statuer sur l’utilisation des deniers publics, or, il affirme avoir financé sa campagne intégralement sur fonds propres.
Ce refus place l’ancien Premier ministre sous la menace d’une amende et, plus grave encore, d’une inéligibilité potentielle pour la prochaine élection présidentielle.










