Interrogé par L’Union, Bilie-By-Nze a catégoriquement réfuté l’idée d’un refus de déposer ses comptes. Son désaccord porte spécifiquement sur l’institution auprès de laquelle ce dépôt devrait être effectué : la Cour des comptes. Selon lui, la mission constitutionnelle de la Cour des comptes est claire et ne mentionne nullement le contrôle des comptes de campagne.
Il souligne une contradiction flagrante entre l’article 301 du Code électoral, qui attribue cette mission à la Cour des comptes, et l’article 133 de la Constitution, ainsi que les articles 2 et 38 de la loi organique n°11-94 fixant les compétences de cette haute juridiction. “Mon refus de déposer les comptes de ma campagne n’est pas un acte de défiance à l’égard d’une institution constitutionnelle, mais une volonté assumée de me conformer à une disposition de la loi électorale qui se trouve en contradiction flagrante avec les dispositions de la Constitution et de la loi organique sur la Cour des comptes”, a-t-il affirmé.
Un risque d’inéligibilité assumé pour un État de droit “véritable”
Conscient du risque d’inéligibilité que sa position pourrait entraîner, Bilie-By-Nze a néanmoins maintenu sa démarche. Il a souligné son engagement politique, non pas pour des postes, mais pour l’instauration d’un véritable État de droit démocratique. Pour lui, cela signifie un État où les lois sont conçues pour améliorer le fonctionnement des institutions et les conditions de vie des populations, dans le respect de la hiérarchie des normes.
“Je ne me suis pas engagé en politique pour des postes. Et si je vise la fonction suprême, c’est bien pour que la loi cesse d’être orientée en fonction des intérêts des dirigeants”, a-t-il déclaré, critiquant une application des lois qui serait influencée par la volonté du pouvoir en place.
L’exemple sénégalais et la quête de transparence
Bilie-By-Nze a également mis en avant le modèle sénégalais d’organisation des élections comme source d’inspiration. Au Sénégal, les comptes de campagne ne sont pas déposés auprès de la Cour des comptes, mais auprès d’un organe spécifique créé à cet effet : la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). La France, souvent citée comme modèle, a également opté pour un organisme dédié.
Pour le responsable politique, si la transparence dans le financement des campagnes est l’objectif, des modèles existent et il n’est pas nécessaire de “sortir la Cour des comptes de ses missions constitutionnelles juste pour faire semblant”. Il a par ailleurs rappelé que les candidats de l’opposition n’ont pas bénéficié de financement public, ce qui, selon lui, relativise la nécessité d’un contrôle de la Cour des comptes sur leurs dépenses.
Une bataille pour la justice et le devoir de citoyen
Face à la question des élections couplées et des potentielles sanctions, Bilie-By-Nze a affirmé que son parti, Ensemble pour le Gabon (EPG), continuera son chemin. Les sanctions éventuelles à son encontre ne devraient pas entraver la participation d’EPG aux prochaines échéances électorales, où des cadres et jeunes militants se préparent à briguer des sièges au Parlement et dans les conseils locaux.
Pour Bilie-By-Nze, refuser de se soumettre à une loi qu’il juge injuste n’est pas “se tirer une balle dans le pied”, mais plutôt un devoir citoyen. Il a comparé sa situation à d’autres cas d’injustice observés dans le pays, tels que les déguerpissements sauvages. “Si nos devanciers avaient respecté la loi sur le parti unique, il n’y aurait pas eu de multipartisme au Gabon”, a-t-il conclu, réaffirmant l’existence de ses comptes de campagne, mais son refus de les déposer auprès d’une institution dont il conteste la compétence en la matière.
Cette prise de position de Bilie-By-Nze relance le débat sur la clarification des rôles des institutions et la conformité des lois au Gabon, soulevant des questions fondamentales sur l’application de l’État de droit et la transparence des processus électoraux. Quelle sera la suite de cette confrontation entre la position de Bilie-By-Nze et les autorités compétentes ? L’avenir nous le dira.