L’appel du “mauvais messager” au “bon message”
Cependant, l’initiative de Bilie-By-Nze, arrivé second à la présidentielle d’avril dernier, se heurte immédiatement à la question de sa légitimité en tant que porte-voix. Après avoir été l’un des visages médiatiques et le porte-parole de la présidence du régime renversé le 30 août 2023, son “chemin de Damas” post-coup d’État est accueilli avec circonspection.
L’opinion publique, tout en approuvant le message contre la nouvelle taxe, le perçoit comme le “mauvais messager”. Interrogé sur sa capacité à mobiliser, l’ancien Premier ministre a indiqué qu’il mènerait des consultations dans les prochains jours. Il a affirmé que les responsables de son parti, Ensemble pour le Gabon, initieraient l’approche de toutes les forces de l’opposition.
« Sur la question du bon ou du mauvais messager, moi ça me pose aucun problème. Le jour où on trouve le bon message, on se mettra derrière lui. Je n’ai aucun problème, je ne revendique aucun leadership, » a-t-il insisté, écartant toute ambition personnelle.
Bilie-By-Nze a précisé que son message était issu de sa propre expérience et qu’il n’avait aucune objection à ce que quelqu’un d’autre le porte.
L’ancien chef du gouvernement n’a pas seulement appelé à l’union, il a également mis en garde les autorités contre les conséquences d’un maintien de la taxe. Faisant un parallèle avec la situation inédite de l’élection du sénateur de Mandji-Ndolou, où la Cour constitutionnelle a dû ordonner un troisième tour de scrutin, Bilie-By-Nze prévient que le rejet de la taxe pourrait se traduire par une mobilisation populaire :
« Donc oui, nous allons avoir le troisième tour social dans la rue. » Il a ajouté : « Le troisième tour sera social et sera dans la rue, à l’appel des partis politiques ou par les Gabonais eux-mêmes qui seront en grande souffrance et qui n’auront pas d’autre choix que de s’exprimer dans la rue. »
Surtout, Bilie-By-Nze a cherché à démonter l’argument de la nécessité budgétaire de la taxe, estimant que l’État pourrait trouver les fonds nécessaires ailleurs. Il a avancé des pistes d’économies substantielles. D’une part, il s’est indigné que l’on « ne va pas emmerder le monde pour 2 milliards 800 millions qu’on peut trouver en renonçant à un voyage », assurant qu’il suffirait au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema de ne pas se déplacer aux États-Unis une seule fois pour disposer des 2,8 milliards à mettre dans les caisses de l’État. D’autre part, il a rappelé l’audit gouvernemental sur les baux administratifs dans l’Estuaire, relevant qu’il existe des baux pour 2,2 milliards qui sont payés sans être occupés. Il suffirait, selon lui, d’arrêter ces paiements pour disposer des 2,2 milliards.
Déterminé, l’ancien Premier ministre a affirmé qu’il irait de l’avant, même sans le soutien escompté : « Et si c’est parce que c’est moi qui aurais fait la démarche et qu’ils ne viennent pas, je continuerais seul ». Dans les jours à venir, il s’agira de savoir si son passé d’homme du régime déchu sera un frein insurmontable ou si la gravité de l’enjeu fiscal parviendra à fédérer les différentes forces sociales et politiques autour de cet appel.










