D’un côté, le Secrétaire général adjoint 1, Arthur Benga Ndjeme, menait la faction fidèle à Ali Bongo, agissant sous les instructions d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue. Leur objectif : une réunion stratégique en vue des prochaines élections. De l’autre, la tendance dirigée par Blaise Louembé, dont la Secrétaire générale, Angélique Ngoma, a catégoriquement barré la route à ces “camarades” contestataires.
Qui est chez lui au PDG ?
Interrogée par la presse, Angélique Ngoma, représentante de la faction Blaise Louembé, s’est dite étonnée du refus d’accès. “Aucun membre du Parti démocratique gabonais ne peut se voir refuser l’accès dans sa maison, s’il est toujours militant du Parti démocratique gabonais”, a-t-elle déclaré. Elle a mis en avant le retour de sa délégation d’une tournée nationale, preuve, selon elle, d’une nouvelle dynamique et d’une volonté de “repartir aux fondamentaux” en redonnant le pouvoir à la base.
Pour Ngoma, le PDG, fort de ses 57 ans d’histoire, a su se réinventer. Elle a rappelé l’héritage du “président fondateur, Omar Bongo Ondimba”, et a mentionné qu’Ali Bongo s’était mis “en réserve de la République et des affaires politiques” en septembre 2024. Selon elle, le parti s’est “réorganisé” et a mis en place de nouvelles structures lors d’un “congrès extraordinaire” en janvier 2025. Ngoma a insisté sur le fait que le PDG est un “creuset de l’unité nationale” et que sa priorité est la reconstruction et la redéfinition du parti face aux défis actuels. “C’est savoir faire sa mue sans renier son existence, sans renier sa devise, sans renier son histoire”, a-t-elle affirmé avec force.
La légalité contestée de la destitution d’Ali Bongo
Face à cette fin de non-recevoir, Arthur Benga Ndjeme a dénoncé un abus de pouvoir, rappelant que le siège du PDG est le “fruit des contributions de tous les militants” et non la propriété d’une seule personne. Pour lui, la situation est limpide : “Faut-il que je rappelle qu’Ali Bongo est encore président du Parti, puisqu’il n’y a pas eu d’acte légal de destitution, ni judiciaire, ni juridique, ni administratif, ni politique.”
Benga Ndjeme a vivement critiqué une application des textes “à géométrie variable”, soulignant que les statuts du parti prévoient des procédures de démission écrites et non présumées. “Cette démission-là, ou cette éviction, n’est pas légale”, a-t-il martelé, s’opposant frontalement à la position de la faction Louembé. Il a mis en garde contre un “mauvais signal donné à tous les partis politiques” si les statuts pouvaient être bafoués au gré des puissants.
Rappelant l’histoire du parti, il a cité l’exemple d’Omar Bongo Ondimba qui, en 1986, lors de conflits internes, avait demandé un retour à la base pour trancher. Pour Benga Ndjeme, les statuts sont le “commun dénominateur” du parti, ce qui en fait un “parti de dialogue, de tolérance et de paix”. Il a même ironisé sur la légitimité des tournées provinciales : “Ne vous fiez pas à ceux qui font le tour du Gabon. Ils n’ont pas raison d’avoir piétiné les textes du parti.”
Une bataille de textes et de légitimité
La véritable pomme de discorde semble résider dans l’interprétation des textes fondateurs du PDG. Benga Ndjeme a insisté sur le fait que seul le président du parti, Ali Bongo, a le pouvoir d’exclure un membre. “En dehors d’Ali Bongo Ondimba, personne d’autre n’a le monopole, n’a le pouvoir d’exclure qui que ce soit”, a-t-il déclaré. Il a également dénoncé la “désignation” du nouveau président sans consultation de la base, un acte contraire, selon lui, à l’esprit même du parti.
Malgré le blocage, la faction d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue a maintenu sa détermination. Après le constat d’huissier, la réunion s’est finalement tenue à la résidence d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue à Agondje. “Nous allons nous retrouver […] pour tenir cette réunion, parce qu’elle est importante. Il s’agit de définir notre stratégie de mobilisation, notre stratégie d’investiture des candidats”, a conclu Benga Ndjeme, lançant un appel vibrant à l’unité : “Il faut donc s’unir, c’est le temps de s’unir.”
Cette confrontation ouverte au sein du PDG met en lumière les profondes divisions qui minent le parti depuis le départ d’Ali Bongo. L’avenir du parti, et potentiellement son rôle dans le paysage politique gabonais, dépendra sans doute de la capacité des deux camps à surmonter leurs différends ou, à défaut, de l’issue de cette guerre de légitimité.