Cette action judiciaire nationale s’accompagne désormais d’une plainte parallèle déposée à Paris auprès du Parquet National Financier (PNF) pour blanchiment aggravé, biens mal acquis et recel en bande organisée.
L’offensive judiciaire gabonaise est menée avec une approche méthodique et coordonnée.
À Libreville, c’est Me Idriss Patience Moutombi, jeune et influent avocat, par ailleurs conseiller juridique officieux de la présidence, qui est en charge de l’articulation des fondements pénaux de la plainte nationale.
À Paris, l’État gabonais est représenté par le cabinet Vivien & Associés, avec l’appui de Maître Sébastien Mabile. Cet avocat, expert des litiges transnationaux et environnementaux, est reconnu pour sa rigueur et son influence au sein des juridictions françaises.
Autour de ce noyau juridique gravite un réseau d’experts et de facilitateurs : plusieurs consultants français en intelligence financière, un lobbyiste discret à Bruxelles chargé de sensibiliser les eurodéputés, et un réseau d’anciens hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay mobilisés pour fluidifier les canaux diplomatiques. Cette synergie souligne la complexité et l’importance des enjeux de cette affaire.
Les pièces versées au dossier sont considérables et témoignent de l’ampleur des accusations.
Côté gabonais, la Direction Générale des Recherches (DGR) a transmis à la justice une quantité substantielle de preuves : relevés bancaires, virements suspects, titres de propriété, et extraits de comptes libellés au nom de sociétés écrans enregistrées à Dubaï, Genève, Monaco et Londres. Selon l’accusation, ces éléments documentent un siphonnage méthodique de plusieurs centaines de milliards de francs CFA entre 2018 et 2023.
À Paris, le PNF dispose déjà d’un inventaire détaillé des biens immobiliers détenus par la famille Bongo. Cet inventaire, établi en 2021 dans le cadre de l’affaire des “biens mal acquis”, révèle la possession d’appartements haussmanniens, d’hôtels particuliers et de comptes offshores. La valeur de ces biens est estimée à plus de 85 millions d’euros (soit près de 56 milliards de francs CFA).
Cette double procédure judiciaire met en lumière des enjeux cruciaux, non seulement sur le plan judiciaire et financier pour le Gabon, mais aussi sur le plan diplomatique, compte tenu de l’implication de plusieurs acteurs internationaux et de la localisation des biens et fonds présumés détournés. L’affaire promet d’être longue et complexe, avec des répercussions potentielles bien au-delà des frontières gabonaises.
Avec Gabonreview