L’attente aura été à la mesure de l’enjeu. Arrivé au Palais de justice mercredi à 16 heures, Pascal Ogowé Sifon n’en est ressorti que ce jeudi 25 décembre, aux environs de 14 heures. Durant ces vingt-deux heures d’audition ininterrompue, l’ancien ministre et ses avocats ont tenté, en vain, de convaincre les magistrats instructeurs du bien-fondé de sa gestion à la tête du département du Tourisme.
La nuit blanche passée dans le cabinet du juge n’aura pas suffi à dissiper les lourds soupçons qui pèsent sur l’ex-membre du gouvernement. Sous escorte judiciaire, l’ancien pilier du secteur touristique a été conduit directement vers “Sans-Famille”, la prison centrale de Libreville, où il attendra désormais la suite de l’instruction.
Le poids des accusations : des éco-lodges aux flux familiaux
La justice gabonaise semble avoir retenu des indices graves et concordants justifiant cette incarcération préventive. Au cœur du dossier, le projet fantôme des six éco-lodges reste la pièce maîtresse de l’accusation. Malgré les 10 milliards de francs CFA mobilisés, l’absence totale de travaux sur le terrain a pesé lourd dans la décision du magistrat.
L’enquête a également mis en lumière une gestion opaque caractérisée par une concentration inhabituelle des pouvoirs financiers au sein de l’entourage immédiat du ministre. Les documents bancaires révélant que des proches parents et des collaborateurs intimes assuraient les décaissements et les signatures de chèques ont fini par sceller le sort de l’ancien ministre.
Le dossier Moanda, avec ses 2,6 milliards de francs CFA évaporés, ainsi que les zones d’ombre de l’affaire Cap-Caravane, ont achevé de dresser le portrait d’une gouvernance jugée défaillante et préjudiciable à l’État.










