Un procès dans la « pure tradition stalinienne »
Pour Bilie-By-Nze, le déroulement des audiences a tenu toutes les promesses d’un simulacre de justice, dans la « pure tradition des procès staliniens ». Il estime que les Gabonais, qui sont « demandeurs de vérité », ont été empêchés d’y accéder.
Concernant le procès de l’ancienne Première Dame, l’opposant affirme que la libération, annoncée comme humanitaire, était en fait une négociation. Cette réalité a été exposée « grâce aux vidéos diffusées par Noureddin Bongo Valentin », qui montrent que cette libération a été « négociée non pas pour des raisons médicales, mais pour des questions d’entente familiale ». De cette entente, il ressort que le procès n’était qu’un « arrangement entre le pouvoir et la justice ». Il a fustigé le silence sur le « document négocié, signé » par lequel les Bongo s’engageaient à renoncer à certains de leurs droits, et le fait qu’à ce jour, « personne ne sait exactement » ce qui a été récupéré.
Des enquêtes éclair et incomplètes
L’une des critiques majeures porte sur la brièveté de la procédure, jugée anormale pour un dossier de près de trois mille pages, traité en seulement « 48 heures chrono ».
Bilie-By-Nze a insisté sur les nombreuses questions fondamentales restées sans réponse pour les dossiers Sylvia et Noureddin Bongo Valentin. Le tribunal n’a pas répondu à la question de savoir si Sylvia Bongo était ordonnateur de crédit de l’État, à quoi ces crédits étaient destinés, ni quelle était la chaîne d’exécution des dépenses détournées. De plus, il n’y a pas eu de réponse sur l’identité des banques ou des entreprises ayant contribué au blanchiment, ces entités n’ayant « pas été appelées, n’ont pas été entendues ». L’opposant dénonce donc une condamnation « tombée sans qu’aucune preuve n’ait été présentée », assurant que son propos est de défendre l’état de droit pour tous.
Le procès de la « Young Team » : De chasseurs à gibiers
Le procès de la Young Team est utilisé pour illustrer la « même justice aux commandes », où « ce qui arrive aujourd’hui aux uns peut arriver demain à d’autres ». Bilie-By-Nze a rappelé l’histoire de l’ancien régime en citant la figure de Brice Laccruche Alihanga : « Lorsqu’hier, certains éléments de la Young Team […] pourchassaient ceux de l’Ajev […] BLA [Brice Laccruche Alihanga] et les siens, ils étaient loin de s’imaginer que leur tour arriverait ». Aujourd’hui, « les chasseurs d’hier […] sont devenus gibiers ».
Concernant les condamnations de la Young Team, il déplore l’absence d’éléments matériels clairs, se demandant qui était l’ordonnateur réel, puisque l’on a entendu “Noureddin m’a dit de faire, j’ai fait”. Il s’est dit choqué de découvrir qu’au Gabon, « on peut sortir un milliard, deux milliards, cinq milliards de manière verbale, sans une note écrite ».
L’incomplétude du dossier est également visible dans l’affaire du CGE (Centre Gabonais des Élections). Alors qu’un montant de 500 millions de francs aurait été dégagé pour un responsable du CGE, l’opposant note que que le tribunal n’a pas jugé utile « d’appeler à la barre, même en qualité de témoin, les responsables du CGE ».
Bilie-By-Nze a affirmé que les auditions avaient révélé que le coup d’État a eu lieu le 29 août, et non le 30, et a mis en lumière le rôle de la Garde Républicaine (GR) : « De ce que l’on a entendu, c’était sous prétexte de les protéger. Et donc, en fait, la GR (Garde républicaine) protégeait le régime, c’est-à-dire sa vocation. Et elle l’a protégé avant de le trahir. C’est ce que révèle le procès. »
Il a conclu son propos par une attaque directe contre le pouvoir judiciaire, dénonçant l’instrumentalisation des magistrats : « le réquisitoire du procureur général était un meeting politique, ce n’était pas du droit. Moi, je serai aujourd’hui à la place de certains, je commencerai à penser que ces messieurs veulent être ministres. »
Appel à la vérité sur le régime 2009-2023
En conclusion, l’ancien Premier ministre a réitéré l’appel de son parti, Ensemble pour le Gabon, à la tenue d’une commission « vérité, justice, réparation et réconciliation ». Il a appuyé la démarche du député Jean Gaspard Ntoutoume Ayi d’enquêter sur 2018-2023, proposant d’étendre l’examen jusqu’à 2009. Il a pointé l’opacité entourant la période post-AVC d’Ali Bongo Ondimba, rappelant que des acteurs clés du système sont toujours actifs : « Il y a aujourd’hui des membres du cabinet d’Ali Bongo qui étaient très influents, qui sont aujourd’hui militants de l’UDB (L’Union démocratique des bâtisseurs) […] Il faut donc qu’on en parle parce que les gabonais ont besoin de cette vérité. Sans cette vérité, on ne pourra pas construire le pays. »










