Officiellement, cette rencontre visait à évaluer la feuille de route de la société, mais elle a surtout révélé l’incapacité chronique de l’entreprise à répondre aux besoins fondamentaux des populations. Le ministre a d’ailleurs posé la question du réalisme même du réseau actuel, demandant si celui-ci est encore techniquement capable de supporter la demande nationale.
Les chiffres présentés lors de ce séminaire confirment une gestion de la pénurie plutôt qu’une stratégie de développement. À Libreville, l’écart entre la production et la consommation d’eau potable atteint des sommets critiques avec un déficit quotidien oscillant entre 70 000 et 80 000 m³. Ce déséquilibre structurel laisse près d’un tiers de la demande sans réponse, une situation qui n’est pas corrigée par les inaugurations symboliques.
L’ouverture en juin 2025 de la station de pompage du PK5 par le Chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema, en présence du président de la BAD Akinwumi Adesina, illustre ce décalage. Si cette infrastructure financée par la BAD vise 50 000 ménages, elle reste une réponse parcellaire face à l’immensité des besoins non satisfaits.
Le secteur électrique n’offre pas de meilleur visage, avec un déficit de 100 MW aux heures de pointe qui condamne près de 300 000 habitants du Grand Libreville à des délestages récurrents. Cette situation résulte d’une absence manifeste d’anticipation face à la croissance démographique, aggravée par un réseau devenu un véritable musée technique. Une part importante des installations date de plus de quarante ans, entraînant des pertes sèches de plus de 40 % de l’eau produite dans des canalisations corrodées. Parallèlement, les postes de transformation saturés et les câbles obsolètes multiplient les pannes, rendant les investissements de production quasi inefficaces sans une refonte totale de la distribution.
Le montant nécessaire pour moderniser ce système est désormais estimé entre 600 et 800 milliards de francs CFA, un effort financier colossal dont la viabilité interroge.
Face à ce tableau, le ministre Gilles Nembé a durci le ton en affirmant que si la SEEG échoue, c’est toute la chaîne qui aura failli. Il a exigé des dirigeants des choix réalistes basés sur des solutions concrètes et finançables, signifiant que le temps des promesses théoriques était révolu. Les espoirs reposent désormais sur les barrages de Kinguélé Aval et Ngoulmendjim, mais sans un renouvellement accéléré des équipements critiques, ces infrastructures risquent de n’être que des palliatifs coûteux injectés dans un réseau déjà percé. Pour la SEEG, le compte à rebours est enclenché alors que la patience des usagers semble épuisée.










