Ces désignations font suite à la dissolution du cabinet du Premier ministre Raymond Ndong Sima et s’inscrivent dans le cadre de la nouvelle Constitution, promulguée en décembre 2024. Ce texte fondamental instaure un régime présidentiel renforcé, doté de deux vice-présidences aux fonctions distinctes mais complémentaires.
À 61 ans, Séraphin Moundounga devient le premier vice-président de cette nouvelle ère politique. Originaire de la Nyanga, cet ancien ministre (Éducation nationale 2010-2014, Justice 2014-2016) avait rompu de manière spectaculaire avec le régime d’Ali Bongo en 2016, démissionnant pour contester sa réélection et quittant le Parti Démocratique Gabonais (PDG) avant de s’exiler en France.
Son retour au Gabon après le coup d’État d’août 2023 a été discret, mais efficace. Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) durant la transition, il est désormais propulsé à une fonction de premier plan. Conformément à l’article 48 de la nouvelle Loi fondamentale, il sera chargé d’assister le président et d’assurer l’intérim en cas d’empêchement temporaire de ce dernier, constaté par la Cour constitutionnelle. Une fonction incompatible avec toute autre activité publique ou privée lucrative, comme le stipule l’article 49. Il pourra également présider le Conseil des ministres sur délégation expresse du chef de l’État.
De son côté, Alexandre Barro Chambrier, 67 ans, hérite de la vice-présidence du gouvernement, un poste entièrement nouveau dans l’architecture institutionnelle gabonaise.3 Économiste chevronné et plusieurs fois ministre (Économie forestière, Mines, Pétrole, Budget entre 2004 et 2012), il aura la tâche de définir les contours de cette fonction.
Contrairement à un Premier ministre, le vice-président du gouvernement n’est pas chef de l’exécutif et n’est pas responsable devant le Parlement. Son rôle, défini par l’article 69 de la Constitution, est celui de “coordinateur de l’action gouvernementale”. Il devra donc assurer la cohérence des politiques ministérielles sous l’autorité directe du président de la République, qui conserve la plénitude du pouvoir exécutif. Ayant lui aussi rompu avec le PDG et présidé le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), il était revenu aux affaires en janvier 2024 comme vice-Premier ministre chargé de la Planification dans le gouvernement de transition.
Le choix de ces deux personnalités expérimentées, figures connues de la scène politique gabonaise ayant marqué une distance avec le régime déchu d’Ali Bongo avant de revenir au premier plan après la transition, pourrait témoigner de la volonté du président Oligui Nguema de s’appuyer sur des cadres aguerris.