Le Pr Vincent Moulengui Boukossou, président en exercice de la CNR, entouré de Benoît Joseph Mouity Nzamba du Parti Gabonais du Progrès, Francis Hubert Aubame du Parti Souverainistes-Ecologistes et des représentants du Congrès pour la Démocratie et la Justice, a porté une parole de rupture. Cette conférence de presse a également vu la participation, en qualité d’invités, du président d’Ensemble Pour le Gabon, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, et de Michel Ondoungou Lounda, président de Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction. Cette rencontre intervient alors que, quelques jours plus tôt, Alain-Claude Bilie-By-Nze avait lancé un appel vibrant à l’opposition, aux syndicats et à la société civile pour s’unir autour d’un front commun afin d’obliger le gouvernement à renoncer à cette taxe.
Le leader de la coalition a affirmé que la promesse de rendre la dignité aux Gabonais s’éloigne chaque jour davantage, dénonçant une administration qui progresse dans l’injustice et l’insoutenable. L’opposition souligne une confusion grave entre l’impôt et la taxe, rappelant que si l’impôt finance les charges de l’État sans contrepartie directe, une taxe doit correspondre à l’utilisation d’un service spécifique. La coalition a fustigé l’argument gouvernemental s’appuyant sur le modèle français, rappelant que cette taxe y a été supprimée pour les résidences principales le 1er janvier 2023. Selon la CNR, le gouvernement exhume des dispositions dormantes de 2022 non par efficacité, mais par recherche désespérée de « recettes faciles », sans avoir fait le travail de fond nécessaire sur la reddition des comptes de la transition.
Le réquisitoire est devenu plus cinglant sur la question de l’équité sociale et du rôle de la SEEG. La CNR juge absurde le mode opératoire de taxation par zone et s’inquiète de l’instrumentalisation du fournisseur d’énergie. Pour le Pr Moulengui Boukossou, le contrat liant le client à la SEEG ne devrait souffrir d’aucune interférence ; en recevant indûment des prérogatives de puissance publique, la société s’expose à des poursuites judiciaires pour violation des termes contractuels. La CNR cite des exemples réels d’injustice : un ancien Premier ministre paiera 1 000 FCFA à Bikélé pendant qu’un veilleur de nuit dans un studio paiera 20 000 FCFA à Akanda. Cette taxe est perçue comme le symptôme d’un État qui fait porter le poids de la malgouvernance au peuple, exigeant le paiement de droits fonciers alors que la quasi-totalité des familles vivent sur des parcelles non régularisées.
L’intervention a également mis en lumière le contraste entre les sacrifices demandés aux ménages et l’opulence d’une nouvelle caste. La CNR fustige l’émergence d’un lot de nouveaux milliardaires au sein de la transition qui étalent des fortunes dont l’origine interroge, alors que l’on fait « tant de bruit autour d’un œuf au plat » pour une somme marginale de 2,8 milliards de FCFA. Pour la coalition, cet argent pourrait être trouvé en réduisant les budgets vertigineux de certaines institutions ou en s’attaquant aux dotations des fondations de création récente (Ndlr : Fondation Ma Bannière et la Fondation Dorcas). Le Pr Moulengui Boukossou a rappelé que le Gabon devrait disposer des marges financières indispensables sans avoir à ponctionner les plus pauvres pour compenser des ressources « mesquinement détournées et malignement planquées dans les paradis fiscaux ».
En conclusion, la CNR a lancé un avertissement direct sur la faiblesse politique du Président de la République face aux « puissants d’hier qui co-décident aujourd’hui ». Elle a dénoncé le pilotage à vue d’un gouvernement en aveu d’incompétence, doublé d’un conflit d’intérêts du « ministre cumulard » en charge des finances qui ignore les difficultés des populations. Alertant contre le syndrome de l’hubris et l’ivresse du pouvoir, la coalition demande formellement au Chef de l’État d’écouter la voix des citoyens qui rejettent massivement cette mesure et de ne pas promulguer ce texte qui menace les fondements de l’État de droit.










