Une réforme qui « suscite des bruits »
Face à la tempête de critiques qui enflamme les réseaux sociaux, le ministre Ndong Obiang a d’abord cherché à relativiser l’ampleur du mécontentement. Il a affirmé que « Lorsqu’une réforme fiscale est annoncée, sous tous les cieux, elle suscite des bruits, des commentaires, des analyses parfois excessives ».
Si l’agitation est monnaie courante lors d’une nouveauté fiscale, l’emploi du terme « excessives » pour qualifier l’inquiétude de milliers de ménages est perçu comme une minimisation de la pression financière que représente cette énième taxe. Le gouvernement semble interpréter le débat public comme du simple « bruit » plutôt que comme un cri d’alarme de milliers de Gabonais qui craignent de voir leur pouvoir d’achat déjà exsangue s’effondrer sous le poids de nouvelles ponctions fiscales.
L’argumentaire le plus étonnant du ministre Ndong Obiang concernait le mode de calcul de la taxe, qu’il a présenté comme un geste de bonne volonté présidentielle. Selon lui, « Le chef de l’État a pris le soin de ne pas soumettre cette taxe à des calculs savants qui auraient conduit à des prix élevés ».
Cette déclaration, qui se veut rassurante, est en réalité ambivalente. Elle sous-entend que le gouvernement aurait pu imposer des montants bien supérieurs et que la TFH forfaitaire est une faveur. Pour de nombreux Gabonais, cette approche occulte le fond du problème : l’opportunité même de prélever une nouvelle taxe dans un contexte économique difficile, même si son montant est modéré.
Améliorer le cadre de vie, l’argument qui ne convainc pas
Le ministre a ensuite tenté de justifier la nécessité de la TFH par le financement de services urbains essentiels. Il a pris l’exemple : « Quand on vit en ville, il y a des exigences. Pouvoir envoyer un enfant à l’école située à 800 mètres ou à un kilomètre, sans devoir prendre un véhicule, c’est aussi cela, le cadre de vie que nous voulons améliorer ».
Si l’amélioration du cadre de vie est un objectif louable, l’argument peine à convaincre. Les contribuables rappellent que la ville, ses infrastructures et ses services sont déjà financés par divers impôts. Justifier une taxe supplémentaire par la simple présence d’une école à proximité est jugé insuffisant et décalé, surtout lorsque l’état des routes, l’insécurité et les défaillances des services publics restent des préoccupations majeures.
François Ndong Obiang a ensuite appelé au calme, invitant les « narrateurs de la toile » à « prendre patience et d’attendre le texte définitif pour voir ce qui sortira du Parlement ».
Le message est clair : acceptez l’idée de la taxe, et peut-être que la version finale sera un peu moins douloureuse.
En fin de compte, la sortie de François Ndong Obiang n’aura fait qu’attiser la flamme de la contestation. Plutôt que d’apporter des éclaircissements, il a confirmé l’image d’un gouvernement déconnecté, prompt à imposer de nouvelles charges tout en balayant d’un revers de main les inquiétudes réelles d’une population qui a le droit de demander des comptes avant, et non après, l’adoption d’une loi aussi cruciale.










