Après la sortie fracassante de l’ancienne Première dame, Sylvia Bongo Ondimba, mardi, qui a accusé le pouvoir « d’enlèvement » de son frère Frédéric Haffray, son neveu Mehdi Valentin et l’épouse de ce dernier — interpellés dans le cadre du démantèlement de réseaux de trafiquants de drogue par la direction générale des services spéciaux et des services anti-drogue —, mercredi, c’était au tour de l’opposant notoire au régime d’Oligui Nguema, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nzé, de monter au créneau. Il dénonce avec virulence une “justice politisée et instrumentalisée”, notamment après l’encerclement du cabinet de l’avocate des Bongo, soupçonnée d’avoir diffusé la vidéo d’une instruction par un juge de l’épouse du président déchu Ali Bongo et de leur fils Noureddin.
Malgré l’interpellation de ses proches, dont la perquisition du domicile de son neveu a conduit à la saisi d’armes à feu, de la drogue et des cornes d’ivoire, Sylvia Bongo Ondimba n’a pas hésité à parler d’“enlèvements” et de “tortures” subis par ses proches, y voyant une tentative manifeste du nouveau pouvoir de “museler la parole”, depuis que l’ancienne famille présidentielle a été entendue des juges français à Paris, comme partie civile, suite à une plainte contre plusieurs autorités gabonaises pour torture et extorsion. “Ce chantage est-il une réponse à notre prise de parole ? Une manœuvre pour nous faire taire ? Une tentative de négociation ?”, s’était-elle interrogée, visiblement ébranlée.
Après les accusations de l’épouse d’Ali Bongo contre le régime d’Oligui Nguema, l’ancien chef du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, prenait le relais. Au lendemain de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant l’instruction de Sylvia Bongo et de l’ancien coordinateur des affaires présidentielles, Noureddin, ce mercredi, le cabinet de Me Gisèle Eyué Bekale a été encerclé par des éléments des services spéciaux. L’avocate, craignant une interpellation “en violation des procédures”, s’est retrouvée confinée dans ses propres bureaux.
“Nous avons pensé qu’avec le retour annoncé à l’ordre constitutionnel, nous sortions de l’état d’exception et qu’on entrait dans le respect de l’État de droit et des procédures”, a déclaré Alain-Claude Bilie-By-Nzé sur le perron de l’immeuble abritant le cabinet Eyué. “Or, depuis quelques jours, nous constatons deux phénomènes : d’abord, une politisation à outrance de la justice et une judiciarisation de la politique. La politique ne doit pas influer dans le champ de la justice et vice-versa”, a-t-il insisté, soulignant une dérive préoccupante.
Dans la soirée de mercredi, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a annoncé, des enquêtes administratives et déontologiques. Elles pourraient aboutir à des sanctions visant principalement Me Gisèle Eyué Bekale.