Par Guillou Bitsutsu-Gielessen
Le Gabon se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, face à un contrat social qui s’effrite sous la pression d’un coût de la vie devenu insoutenable pour la majorité de nos concitoyens. Face à l’urgence de la précarité qui ronge nos foyers, j’appelle solennellement à la tenue, dès l’année 2026, des États Généraux du salaire, du SMIC et de la grille indiciaire. L’objectif est clair : sortir les Gabonais de la survie pour les conduire vers une existence digne grâce à l’instauration d’un *Revenu Minimum Convenable (RMC)*.
Cette réforme n’est pas seulement une exigence morale, elle est le préalable indispensable à l’apaisement du climat social. Une augmentation réelle et généralisée des revenus ne doit plus être perçue comme une charge, mais comme un investissement stratégique capable de stimuler la consommation, de soutenir la croissance économique et de stabiliser notre nation.
Le constat actuel est pourtant amer. Le SMIC à 80 000 XAF, inchangé depuis plus de deux décennies, est une relique d’un temps révolu qui ne correspond plus à aucune réalité marchande. Si le salaire minimum légal a été théoriquement relevé à 150 000 XAF pour 173 heures de travail, ce montant demeure largement bafoué dans la pratique. Pire encore, même lorsqu’il est respecté, il s’avère dérisoire face à l’inflation galopante, particulièrement dans nos centres urbains.
Il est impératif de comprendre que la notion de revenu “convenable” ne peut plus être une abstraction uniforme. Elle doit tenir compte des réalités géographiques de notre pays. À Libreville, devenue l’une des métropoles les plus chères du continent africain, la survie d’un célibataire nécessite aujourd’hui entre 400 000 et 600 000 XAF par mois.
Ce budget, loin d’être excessif, permet à peine de couvrir un logement modeste en quartier populaire, une alimentation saine, les transports quotidiens et les frais de santé essentiels. Pour un foyer composé d’un couple avec deux enfants dans la capitale, ce besoin s’envole pour atteindre une fourchette située entre un million et un million et demi de francs CFA.
À l’intérieur du pays, que ce soit à Port-Gentil, Franceville ou Oyem, bien que le coût du logement soit plus accessible, l’accès aux services fondamentaux reste un défi coûteux. Dans ces localités, un revenu décent pour un célibataire ne devrait pas descendre en dessous de 250 000 XAF.
La réalité est brutale : en dessous de 200 000 XAF à Libreville, le travailleur gabonais n’est plus un acteur économique, mais un individu en lutte permanente pour ses besoins primaires.
Cette sous-rémunération systémique explique le recours massif à l’économie informelle, la dépendance à une solidarité familiale épuisée et, malheureusement, la persistance de la corruption comme mécanisme de subsistance.
Il est temps de passer du “SMIG de survie” au “Revenu Minimum Convenable”. En redéfinissant la valeur du travail lors de ces États Généraux, nous redonnerons aux Gabonais leur dignité et à notre économie sa vitalité. Le combat pour le salaire est le combat pour l’avenir du Gabon.










