Adressée aux directeurs généraux et assimilés, la directive met en avant une réorientation vers les “réalités locales” et les “besoins réels des populations”, instaurant de facto une politique d’austérité sur les déplacements internationaux des fonctionnaires du XXL ministère dont Henri-Claude Oyima a désormais la charge depuis la formation d’un nouveau gouvernement.
Cette décision n’est pas sans rappeler les mesures drastiques prises par Émile Doumba en 1999. Banquier et technocrate, tout comme l’actuel ministre Henri-Claude Oyima, Doumba avait été appelé à la rescousse par Omar Bongo pour redresser une crise budgétaire engendrée par la chute des revenus pétroliers et des dépenses excessives. Son passage au ministère des Finances avait été marqué par une politique d’austérité rigoureuse, qui lui avait valu l’hostilité de plusieurs membres du gouvernement. Deux ans plus tard, il avait été muté au ministère de l’Économie forestière.
L’arrivée d’Henri-Claude Oyima, lui aussi figure du secteur bancaire et actuel patron du groupe BGFIBANK, à la tête de ce portefeuille ministériel stratégique, intervient dans un contexte économique qui pourrait nécessiter une gestion budgétaire rigoureuse, alors que Libreville attend une mission du Fonds Monétaire International en juin prochain. La suspension des missions et formations à l’étranger pourrait ainsi être interprétée comme une première étape d’une politique visant à y voir plus clair dans les dépenses publiques et à mettre fin aux pratiques jugées dispendieuses.
La note de service est on ne peut plus claire : “Il est porté à votre connaissance que les missions et formations à l’extérieur du pays sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Les cas spécifiques des missions statutaires devront, au préalable, faire l’objet d’un examen par mes soins.” La Secrétaire générale insiste sur la stricte application de cette directive, soulignant que “les efforts de votre administration devraient dorénavant être portés vers la prise en compte des réalités locales, la priorité étant réservée aux besoins réels des populations.”
La question qui se pose désormais est de savoir si Henri-Claude Oyima suivra une trajectoire similaire à celle d’Émile Doumba, dont les mesures d’austérité, bien que visant à assainir les finances publiques, avaient fini par le marginaliser au sein du gouvernement. L’avenir nous dira si cette nouvelle orientation budgétaire portera ses fruits et si elle rencontrera la même résistance que par le passé.