Malgré l’intervention de son “mentor”, le professeur Grégoire Biyogo, auprès des autorités gabonaises, Kemi Seba ne posera finalement pas le pied sur le sol gabonais. Selon l’activiste, Séraphin Moundounga aurait déclaré que “si je venais au Gabon, il me ferait arrêter, et que Grégoire Biyogo, ainsi que Privat Ngomo, se trouveraient en difficulté pour m’avoir fait venir”, à l’issue d’une rencontre avec Grégoire Biyogo et Privat Ngomo (Ndlr : ancien militant panafricaniste et aujourd’hui conseiller du président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema).
Kemi Seba affirme que les autorités gabonaises craignent ses conférences sur le Franc CFA et les accords coloniaux, et qu’elles utiliseraient un prétexte de “trouble à l’ordre public” pour justifier cette interdiction. Il a également souligné posséder un passeport diplomatique nigérien, ce qui l’exempte de visa au Gabon et rendrait une arrestation à son arrivée illégale.
L’activiste va plus loin en accusant les services français d’orchestrer cette opposition à sa visite, instrumentalisant selon lui un influenceur gabonais, “le roi Béni”. “Les services français sont aujourd’hui tellement identifiables et reconnaissables. Ils ont mis en avant un influenceur dont je ne connaissais pas le nom avant, le roi Béni, qui a déclaré en parlant au nom des autorités que si je venais on allait se faire attaquer”, a-t-il dénoncé, affirmant que cet influenceur “s’est fait menacer par la plupart des gabonais en ligne”.
Déterminé à faire entendre sa voix, Kemi Seba a directement interpellé les autorités gabonaises. “Cher gouvernement, vous avez déclaré que si je venais vous alliez me faire arrêter, moi ainsi que ma délégation. Il est important que je vous dise que chaque fois que vous nous arrêtez, chaque fois que vous nous persécutez, vous ne faites que faire augmenter l’influence politique qui est la nôtre dans le cœur des gens”, a-t-il déclaré. Il reproche aux autorités de “vouloir faire arrêter les gens qui veulent parler simplement des questions de souveraineté, d’autodétermination, de justice sociale, de lutte contre le néocolonialisme, de lutte contre le Fcfa”.
Kemi Seba a expliqué avoir renoncé à son déplacement par “loyauté” envers son ancien formateur, le professeur Grégoire Biyogo, qu’il ne souhaite pas “mettre en difficulté”. “Je sais qu’il a beaucoup souffert pendant des années, durant sa période en France, qu’il aspire aujourd’hui à une autre étape de son parcours, que ce soit intellectuel ou même en tant qu’être humain. Par respect pour lui, nous ajournons notre mission à Libreville, au Gabon”, a-t-il précisé.
Cependant, la mise en garde est claire : “Je veux que les autorités gabonaises le sachent, nous viendrons tôt ou tard à Libreville, parce que la libre circulation africaine doit être un droit.”