Le premier point de friction réside dans le prix de l’action fixé à 80 000 FCFA. En plaçant la barre aussi haut, Henri-Claude Oyima n’a pas seulement écarté le petit épargnant, il a instauré un doute profond sur la rentabilité immédiate du titre. Pour les investisseurs institutionnels, le calcul est froid car à ce tarif, le rendement du dividende doit être exceptionnel pour justifier une telle immobilisation de capital. Dans un marché régional où la liquidité est déjà une denrée rare, beaucoup craignent de se retrouver avec des titres prestigieux sur le papier mais impossibles à revendre rapidement sans subir une décote massive.
Le milieu financier a par ailleurs horreur du bruit, et celui entourant BGFI a été assourdissant ces derniers mois. La fronde menée par des actionnaires de poids a laissé des traces indélébiles. Même si la justice a fini par écarter les recours, le message envoyé au marché reste désastreux puisque le consensus semble brisé au sommet de la pyramide. Les investisseurs s’interrogent désormais sur la marge de manœuvre réelle de la direction face à une base actionnariale divisée et craignent que les tensions passées ne cachent d’autres désaccords profonds sur la stratégie d’expansion du groupe.
L’annonce de l’extension de la période de souscription n’est pas non plus perçue comme un signe de force. Dans le jargon boursier, ce type de report s’apparente souvent à un aveu de faiblesse. Si l’offre avait été arrachée dès les premières semaines, le groupe n’aurait pas eu besoin de multiplier les tournées de promotion de la dernière chance à travers la zone CEMAC. Cette extension suggère que les intentions de souscription n’ont pas atteint les 126 milliards de FCFA escomptés, créant un cercle vicieux où les investisseurs indécis se méfient du manque d’empressement de leurs pairs.
Enfin, le passage du statut de groupe privé à celui de société cotée impose une mise à nu brutale que le marché semble scruter avec méfiance. Les investisseurs les plus prudents examinent avec attention l’exposition du groupe aux économies nationales de la sous-région, souvent sujettes à une forte volatilité.
En l’absence de garanties supplémentaires sur l’indépendance réelle du conseil d’administration face aux influences politiques régionales, le pari BGFI paraît bien audacieux. BGFIBank veut être la vitrine de la finance d’Afrique Centrale, mais pour l’heure, les investisseurs semblent préférer observer la structure de l’extérieur plutôt que d’en devenir les propriétaires.










