Candidat indépendant à la députation aux élections législatives et locales de septembre et octobre à Moanda, Leyama, poil à gratter du nouveau régime, ne mâche pas ses mots. « L’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le parti présidentiel : une légalisation à la vitesse hypersonique hors la loi ? »
Une naissance entachée de controverses ?
La création de l’UDB, annoncée au lendemain de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, a fait face à une vague de contestations. Leyama rappelle qu’il avait lui-même soulevé dès le 10 juin l’impossibilité légale pour le Président de la Transition de créer un parti, car il s’était présenté à l’élection en tant que candidat indépendant, en vertu de l’article 82, alinéa 3, du Code électoral. « Le processus aurait pu prendre le cours d’un long fleuve tranquille si, dans un post du 10 juin 2025, votre humble serviteur, toujours lui, a-t-on dit, n’avait soulevé un point essentiel de droit : l’impossibilité de cette opération, en vertu des dispositions de l’article 82, alinéa 3, du Code électoral, M. Oligui s’étant présenté à cette élection en qualité d’indépendant. »
Des partisans du chef de l’État ont saisi la Cour Constitutionnelle pour une interprétation du texte, mais leur requête a été jugée irrecevable. La Cour a rappelé que la saisine en interprétation n’est ouverte qu’à des personnalités et institutions bien définies par la Constitution. Leyama en a tiré la conclusion suivante : « Leur requête est motivée par leur souci de faire barrage aux pourfendeurs (suivez mon regard), du projet de création par le Président de la République d’une formation politique qui devrait légitimement accompagner la mise en œuvre de son projet de gouvernement pour le pays (…).
Malheureusement pour nos anciens compagnons de l’Opposition pré-30 août 2023, en vertu des dispositions de l’article 116 de la Constitution lequel fixe limitativement la qualité des personnes compétentes pour saisir la Cour en interprétation, à savoir, le Président de la République, les Présidents des deux chambres du Parlement, ou le 1/10e des parlementaires dans chaque chambre, leur requête a été déclarée irrecevable par décision n°031/CCT du 30 juin 2025. »
C’est finalement le président de l’Assemblée nationale de la transition (PANT) qui a saisi la Cour Constitutionnelle. L’incongruité de la situation est d’autant plus grande que ce dernier, Jean-François Ndongou, est un militant de l’ancien parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG). Sa requête a été jugée recevable, et dans une décision rendue en seulement quatre jours, la Cour a autorisé le Président de la République à fonder sa formation politique. Leyama dénonce cette célérité « inhabituelle », la qualifiant de « contorsion juridique » éloignée de l’esprit de la loi. « Le PANT, ayant qualité à agir, sa requête a été déclarée recevable et dans un exercice de contorsion juridique, éloignée de l’esprit de l’article 82 de la loi précitée, elle a autorisé le Président de la République à créer son parti politique par décision n°032/CCT du 30 juin 2025, soit 4 jours seulement après la saisine, appréciez la célérité inhabituelle de l’Institution ! »
Une procédure qui défie les délais légaux ?
Au-delà de la création du parti, c’est sa légalisation qui suscite la plus grande indignation. Le député Leyama rappelle les délais prévus par la Loi n°016/2025 relative aux partis politiques, qui stipule qu’il faut au maximum 60 jours pour obtenir un récépissé provisoire et un an pour le récépissé définitif. « Pour résumer, il faut au maximum 60 jours pour obtenir un récépissé provisoire et un an pour le récépissé définitif. Il s’agit de maxima, bien entendu, mais tout de même ! »
Pourtant, l’UDB, officiellement créé le 5 juillet, a pu investir ses candidats aux élections du 27 septembre dès le 4 août, soit moins de 30 jours après sa création. Un timing qui fait dire à Leyama : « Créé officiellement le 5 juillet 2025, 30 jours plus tard, le 4 août, l’UDB investit ses candidats aux élections du 27 septembre 2025. En moins de 30 jours, les services compétents ont achevé de vérifier un état d’adhésions de plus de 10.000 militants avec NIP, s’il vous plaît, et se sont assurés que tous ont démissionné de leurs anciennes formations politiques. Légalisation hypersonique. Historique, non ? »
Alors que les nouvelles autorités prônent le retour à l’État de droit et l’apaisement politique, l’accélération des procédures pour le parti présidentiel jette une ombre sur la transparence du processus. En définitive, cette légalisation “express”, loin de consolider la légitimité de l’UDB, semble l’avoir entachée de controverses dès sa naissance.