Sur les ondes de RFI, hier, si Bilie-By-Nze a reconnu les compétences avérées d’Oyima, saluant sa capacité à ériger BGFI en première banque de la sous-région, il a cependant soulevé une problématique majeure : le conflit d’intérêts inhérent à la gestion simultanée de capitaux privés et d’argent public.
“Le problème qui se pose, c’est d’avoir à la fois à gérer la plus grande banque de la sous-région, avoir à gérer les capitaux privés et à gérer ensuite l’argent public,” a déclaré Bilie-By-Nze. Il a insisté sur le risque réel de mélange entre le privé et le public, rappelant que les lois gabonaises et les directives sous-régionales interdisent formellement une telle situation. “Il ne peut pas faire les deux,” a-t-il affirmé, appelant à une décision claire de la part du chef de l’État et de M. Oyima lui-même.
Interrogé sur les déclarations du vice-président Alexandre Barraud-Chambrier sur RFI, selon lesquelles Oyima quitterait ses fonctions à la tête de la BGFI, Bilie-By-Nze a rétorqué avec amertume : “L’État gabonais attendra, la BGFI est prioritaire, c’est ce que ça veut dire.” Avant d’ajouter : “Est-ce que vous vous rendez compte qu’il s’agit d’aménager M. Henri-Claude Oyima et quitterait quand il aura fini de faire atterrir, comme il lui-même l’a dit, son avion BGFI ? “ Pour l’ancien Premier ministre, cette situation démontre une préférence du pouvoir en place pour les intérêts privés au détriment de l’intérêt général.
Bilie-By-Nze a également soulevé des questions cruciales concernant le rôle du ministre de l’Économie et des Finances. “Lorsqu’on est ministre de l’économie, on est gouverneur des banques, on assure la tutelle des banques,” a-t-il expliqué. “Quelle tutelle peut-il assurer dans ces conditions-là ? Quelle est la situation par rapport aux concurrents éventuellement ?”
Il a par ailleurs rappelé que le ministre de l’Économie est également en charge des marchés publics, de la gestion des impôts, des douanes et du trésor. “Et tout ceci par la même personne qui gère encore la première banque du pays. C’est un mélange qui n’est pas acceptable,” a-t-il conclu, soulignant l’urgence d’une clarification pour éviter tout conflit d’intérêts et garantir la primauté des affaires de l’État.
Si Oyima persiste à cumuler ses fonctions de ministre et de PDG de BGFIBank, quelles pourraient être les conséquences à long terme de cette situation sur la perception de la transparence et de la libre concurrence au Gabon vue de l’extérieur ?