L’ambiance dans les bureaux du ministère de l’Agriculture ce 15 décembre témoignait de la gravité de l’enjeu. Mark-Alexandre Doumba, qui dirige le département, a transformé une rencontre de courtoisie avec le Groupement d’intérêt avicole (GIA) en un véritable quartier général de planification. La raison de cette effervescence tient en une date : le 1er janvier 2027. À ce moment précis, le Gabon fermera définitivement ses frontières aux importations de volailles de chair, un tournant radical pour une économie qui a longtemps délégué sa nutrition à l’extérieur.
Une hémorragie financière à stopper d’urgence
Le constat qui a servi de moteur à ces échanges est avant tout comptable. Chaque année, la dépendance alimentaire gabonaise, tirée par la consommation de volaille, pèse environ 900 milliards de francs CFA dans la balance commerciale. Cette sortie massive de capitaux est désormais perçue par le gouvernement comme une anomalie économique qu’il faut corriger. En soutenant le plan de déploiement présenté par Denis Ovono Mezui et ses équipes du GIA, le ministre Doumba cherche à inverser cette vapeur pour que ces fonds profitent enfin aux éleveurs locaux et à la création d’emplois sur le territoire.
La stratégie validée lors de cette réunion repose sur une restructuration profonde du circuit de production. Plutôt que de multiplier les initiatives isolées, l’État a choisi de s’appuyer sur la force de frappe du GIA, dont l’expérience pratique doit servir de socle à cette nouvelle industrie. L’idée est d’anticiper dès aujourd’hui les besoins massifs du marché pour éviter toute pénurie ou flambée des prix lorsque le rideau tombera sur les produits importés.
Le défi des cinquante-quatre dernières semaines
Le compte à rebours est désormais l’élément central de l’action publique. Avec une année pleine devant eux, soit précisément 54 semaines, les acteurs de la filière se trouvent face à une montagne de travail. Il ne s’agit plus de théoriser la souveraineté alimentaire, mais de bâtir les hangars, de sécuriser les approvisionnements en aliments pour bétail et d’organiser la distribution à l’échelle nationale. Le gouvernement a clairement affiché son soutien total à cette feuille de route, conscient que la réussite de cette transition est le socle d’une agriculture nationale durable.
Ce projet, dont les prémices remontent à mai 2025, entre désormais dans sa phase la plus critique. Au-delà des discours, c’est une véritable mutation industrielle qui est attendue. Le passage d’un modèle d’importation à une production locale maîtrisée représente l’un des plus grands chantiers économiques du moment, dont le succès se mesurera à la capacité des éleveurs gabonais à remplir les étals dès les premiers jours de 2027.










