Sauf que quelques jours plus tard, une vidéo vite devenue virale sur les réseaux sociaux semble battre en brèche les explications du Procureur général Eddy Minang.
Dans cette vidéo, on voit l’ancienne famille présidentielle, Ali Bongo, son épouse et leur fils, à leur résidence de la Sablière, autour d’une réunion avec le Procureur général Eddy Minang, en compagnie de plusieurs autres hauts magistrats, pour la signature d’un accord confidentiel, conditionnant le départ de l’ancienne famille à renoncer à toute poursuite contre l’État et à garder le silence, en échange de leur départ en exil, laissant clairement entrevoir un procès par contumace programmé d’avance pour Sylvia et Noureddin.
Un constat qui donne du grain à moudre à tous ceux qui pensent que le procès qui s’ouvre demain au Palais de justice de Libreville est un procès politique. À raison, surtout que les Gabonais post-coup d’État du 30 août 2023 n’ont plus envie de revivre les mêmes procès politiques subis par Bertrand Nzibi ou celui de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga et ses proches. Les Gabonais n’ont plus besoin de procès exutoires, ou de procès à la Robespierre comme pendant la Révolution française. Au sujet des deux ans de mandat d’Ali Bongo, les Gabonais souhaitent désormais une justice qui rime avec vérité, pardon, réconciliation et réparation.
Si les Bongo, et tous les prévenus qui vont comparaître à partir de demain et qui hier faisaient la pluie et le beau temps, sont bien placés pour le regretter de ne pas avoir œuvré pour une justice indépendante et ont compris la nécessité de disposer d’une justice non inféodée à l’exécutif, ceux qui nous gouvernent aujourd’hui ont-ils compris ?
Il ne s’agit pas ici de défendre les Bongo et leurs proches, ou comme dans le passé de défendre l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Alihanga et ses proches, mais de défendre l’État de droit, le respect de la Constitution, notre Bible commune à tous.
Le procès qui s’ouvre demain n’est pas seulement un procès politique, c’est également un mauvais procès politique. Et tout laisse à croire malheureusement que demain, dans les années à venir, nous aurons encore droit à d’autres procès politiques comme pendant les 14 ans de magistrature suprême d’Ali Bongo.
Alors souvenons-nous, et surtout gardons-nous-en : c’est avec la même justice inquisitoire et avec la même guillotine dont se servait Robespierre pour couper la tête de ses adversaires qu’il a perdu aussi la sienne.










