Le défi énergétique
Le premier chantier concerne l’énergie. La transformation métallurgique du manganèse est très énergivore. Actuellement, le coût de l’électricité industrielle, situé entre 80 et 100 FCFA/kWh, est jugé trop élevé pour assurer la compétitivité des nouveaux projets. De plus, la stabilité du réseau électrique nécessite d’être renforcée. Le Gabon parviendra-t-il à garantir une offre énergétique suffisante et compétitive dans les années à venir ? Plusieurs projets de partenariats public-privé sont en cours d’étude pour augmenter les capacités de production.
L’amélioration des infrastructures logistiques
Le deuxième levier est celui des infrastructures logistiques. Le chemin de fer transgabonais, vital pour l’acheminement du manganèse vers le port d’Owendo, est actuellement à ses limites. Le transport de produits transformés, plus denses et exigeants, nécessitera un réseau modernisé et plus fluide. Comment l’État et les opérateurs financeront-ils et coordonneront-ils ce chantier logistique majeur ? Les discussions ont commencé, mais les besoins sont considérables.
Un cadre fiscal incitatif
Enfin, la question du cadre fiscal est primordiale. Chaque unité de transformation représente un investissement compris entre 131 milliards et 262 milliards de FCFA (soit entre 200 millions et 400 millions d’euros). Pour attirer de tels montants, les industriels attendent un environnement fiscal stable, clair et attractif. Quelle stratégie fiscale le Gabon adoptera-t-il pour sécuriser ces investissements tout en assurant des retombées pour les finances publiques ? Le gouvernement a initié des discussions avec les opérateurs sur ce point.
L’exemple de la Nouvelle-Calédonie, où la transformation locale du nickel a été compromise par un manque de cohérence énergétique et fiscale, sert de référence aux décideurs gabonais. Le Gabon saura-t-il bâtir un modèle plus solide et durable ? La réussite de cette politique industrielle se jouera dans les prochaines années, à travers les choix stratégiques de l’État et la capacité des industriels à s’engager sur le long terme.