Les réseaux sociaux sont devenus le miroir d’une réalité amère : problèmes logistiques criants, bureaux de vote saccagés, bourrages d’urnes, achat de voix, transport abusif des électeurs, et usage frauduleux des procurations ont émaillé le déroulement du scrutin.
La réaction de l’administration territoriale, en tentant de minimiser les couacs logistiques ou la fraude et en annulant le vote dans certaines circonscriptions plutôt que d’annuler le scrutin dans son ensemble, est un aveu. Elle témoigne non seulement de l’impuissance collective à changer de culture politique, mais également d’une faillite morale profonde de notre société.
Pendant encore combien d’années faudrait-il attendre ou combien de générations faudrait-il sacrifier pour que la fraude électorale ne soit plus une norme, voire un sport national ?
Nous pouvons bénéficier des circonstances atténuantes, car nous avons grandi dans le monopartisme, puis sous le régime des Bongo. Cependant, quel exemple voulons-nous donner aux futures générations ? Voulons-nous continuer à faire du Gabon une usine à fabriquer des futurs tricheurs aux élections ?
La fraude tolérance zéro n’existe nulle part, pas même dans les plus grandes démocraties, mais ce qui s’est passé le 27 septembre dépasse l’inacceptable. Combien de candidats peuvent s’en orgueillir d’avoir été à la loyale ? Ils ne sont pas nombreux. Le 27 septembre, c’était la victoire de celui qui avait le plus de moyens financiers pour déplacer des électeurs, pour acheter des voix aux alentours des bureaux de vote. C’était le triomphe de celui qui détenait le pouvoir nécessaire pour se procurer le plus de procurations possible, pour bourrer des urnes ou falsifier des procès-verbaux. Le 27 septembre, nous avons assisté à une élection de la honte, à des coups d’État électoraux à répétition, n’en déplaisent aux profitosituationnistes.