Cinq jours menotté et privé d’hygiène
Les conditions de détention rapportées par le collectif sont alarmantes. Selon leurs dires, le Directeur de publication de GMT aurait été « menotté durant cinq jours consécutifs à une chaise », se voyant refuser « ni la possibilité d’aller aux toilettes, ni de prendre une douche, encore moins de se brosser les dents ». Le journaliste aurait même subi un malaise dans la nuit du 17 octobre, conduisant à son isolement temporaire.
Ces traitements, qui constituent une violation flagrante des droits des détenus et de la dignité humaine, ont conduit le collectif à s’interroger publiquement sur l’état de droit au Gabon. La corporation s’inquiète de voir de telles pratiques se dérouler au sein de la DGR, y voyant une remise en question du respect des conventions internationales en vigueur.
Un acharnement politique ciblé ?
Bien que l’affaire soit officiellement liée à un différend commercial sur un contrat de communication conclu en 2020 avec la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), le collectif y décèle une instrumentalisation de la justice. Selon eux, Harold Leckat et Gabon Media Time font l’objet d’un acharnement « particulièrement depuis le coup d’État du 30 août 2023 ».
Le calendrier de l’interpellation — survenue juste après le retour du journaliste d’une formation sur le renforcement de la démocratie — renforce la conviction des professionnels des médias qu’il s’agit d’une manœuvre délibérée pour intimider la presse indépendante. La gravité des conditions de détention, disproportionnée par rapport à la nature du litige, suggère, selon le collectif, une volonté de « faire taire les voix libres ».
Face à cette situation, le collectif des organisations de la presse gabonaise a lancé un appel sans équivoque, exigeant « la libération sans conditions d’Harold Leckat » et réclamant des réformes urgentes pour garantir l’indépendance de la presse. Le sort du journaliste est désormais considéré comme un test crucial de l’engagement des autorités gabonaises envers le respect des libertés publiques et de la Charte africaine des droits de l’homme.