Le secteur primaire, entre dynamisme pétrolier et revers miniers
L’activité se déploie selon des trajectoires très contrastées. Le secteur primaire illustre parfaitement cette dichotomie. D’un côté, l’activité pétrolière progresse de +3,1 %, stimulée par la mise en production et le redéveloppement de gisements. Le gaz (+8,6 %), l’élevage (+10,3 %) et surtout les cultures vivrières et maraîchères, qui bondissent de +33,1 % grâce à l’augmentation des surfaces cultivées, contribuent positivement à cette dynamique.
De l’autre, des filières majeures subissent des revers. La production de manganèse recule de -5,3 %, en conséquence directe de l’interruption temporaire de la production par le principal opérateur pour s’ajuster à un reflux des prix sur le marché international, un problème aggravé par les difficultés d’acheminement sur la voie ferrée. L’exploitation forestière fléchit de -3,6 %, pénalisée par le repli de la demande en grumes et l’insuffisance de wagons pour l’évacuation par voie ferrée. L’huile de palme enregistre également une baisse de -9,5 %.
Le secondaire à la merci de la demande mondiale et de l’État
Le secteur secondaire présente également un profil hétérogène. Plusieurs industries-clés sont en souffrance. Les agro-industries (-34,3 %), les industries du bois (-2,3 %) et la transformation du manganèse (-25,8 %) sont tirées vers le bas par une atonie de la demande mondiale et la morosité du marché international.
L’imprimerie enregistre une chute spectaculaire de -56,9 %.
Inversement, l’activité a été fortement dopée dans d’autres branches. Le Bâtiment et Travaux Publics (BTP) s’envole de +67,0 %, de même que le raffinage (+36,6 %) et les matériaux de construction (+17,7 %). Cette vigueur du BTP et des infrastructures est essentiellement portée par l’investissement public, soulignant une dépendance marquée vis-à-vis des finances publiques. Globalement, le secteur hors pétrole se montre dynamique à +5,7 %, mais ses contre-performances récurrentes (manganèse, forêt) tempèrent son rôle de diversification.
Le tertiaire entre services marchands porteurs et difficultés logistiques
Enfin, le secteur tertiaire reflète les mêmes tendances. Les services marchands porteurs tels que l’hôtellerie (+17,1 %), le transport aérien (+8,9 %) et le commerce de produits pétroliers (+6,2 %) affichent une bonne progression de leur chiffre d’affaires.
À l’inverse, le transport ferroviaire (-9,4 %), dont l’efficacité est cruciale pour l’évacuation des ressources minières et forestières, recule significativement. Les services de mécanique générale (-14,7 %) et parapétroliers (-2,5 %) subissent également une baisse d’activité.
En somme, si le Gabon parvient à maintenir une croissance honorable, les indicateurs pointent une vulnérabilité structurelle persistante. La concentration de la croissance, la dépendance à l’investissement public et aux cours mondiaux, et surtout les goulets d’étranglement logistiques (ferroviaire, énergétique) continuent de freiner la diversification et la consolidation d’une économie plus résiliente.