L’État, bouc émissaire d’une gestion sous perfusion
La direction impute la crise à la suppression, en 2018, de l’accompagnement financier de l’État. Si cette aide a longtemps permis de compenser la non-rentabilité structurelle de nombreuses succursales — assumant de fait une mission de service public —, elle révèle surtout une dépendance chronique aux subventions. Cette cessation de perfusion, conjuguée à une pression fiscale constante et à une concurrence informelle que l’entreprise n’a pas su endiguer, a entraîné un déficit critique, matérialisé par une chute de 18 % du résultat net en 2024. L’entreprise a ainsi mis huit ans à admettre que son modèle n’était plus viable sans l’aide publique.
Le « Propriétaire Partenaire Affilié » : un désengagement déguisé ?
Pour pallier l’hémorragie, Ceca-Gadis déploie le statut de « Propriétaire Partenaire Affilié ». Présenté comme une solution d’« entrepreneuriat national », ce mécanisme permet le transfert de la gestion des points de vente déficitaires à des opérateurs économiques gabonais privés.
Sous couvert de « partenariat », ce dispositif soulève une question fondamentale : s’agit-il d’une véritable incubation ou d’une manière élégante pour Ceca-Gadis de se délester de ses actifs les plus lourds ? L’entreprise offre certes aux repreneurs l’accès à sa centrale d’achat et à sa logistique. Cependant, en externalisant le risque financier à des PME locales, elle transfère une charge de gestion qu’elle-même n’a pu assumer, malgré des décennies d’expérience et d’aides.
Bien que la direction affirme que ce plan, inscrit dans le programme « Excellence 2024-2027 », vise à maintenir le maillage territorial et à lutter contre la vie chère, l’urgence de la restructuration rappelle surtout la gravité des « conséquences sociales graves pour plus de 2 000 emplois » initialement menacés. La survie du géant passe donc par un pari risqué sur la capacité de jeunes entrepreneurs à réussir là où sa propre structure a échoué.










