Deux ans après le coup d’État du 30 août, l’opposition héritée de l’ère Ali Bongo a perdu de sa superbe. Le contraste est frappant avec son vieil adversaire, le PDG, qui s’est refait une santé politique, remportant 15 sièges à l’Assemblée nationale. Il est ainsi devenu, de facto, la deuxième force politique du pays, loin derrière l’UDB qui a raflé la majorité absolue avec 109 élus.
La seule recomposition de l’échiquier politique au lendemain du coup de force d’août 2023 suffira-t-elle à expliquer cette décadence?Non.
Car l’opposition paie également son rapprochement complaisant avec les autorités de la transition. Ce faisant, elle a mis entre parenthèses les principes qui avaient forgé sa légende durant les années de plomb du régime déchu.
Si sous l’ancien régime, l’opposition était prompte à critiquer Ali Bongo et son gouvernement à la moindre dérive, durant les deux ans de transition, elle s’est murée dans une forme d’autocensure.
Pourtant, les griefs n’ont pas manqué sous cette gouvernance de transition : crise énergétique, détournements présumés, bavures policières, exfiltration de membres de la famille Bongo, ou encore instrumentalisation de la justice.
Après deux années de quasi-silence, ce n’est que lors des dernières élections législatives et locales que des acteurs de l’opposition ont refait entendre leur voix. Parmi eux, on retiendra notamment :
Gervais Oniane, président de l’UPR, qui a dénoncé publiquement les intimidations visant les candidatures de son parti, pointant du doigt le PDG.
Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, cadre de l’UN, dont la sortie musclée après la proclamation des résultats du premier tour a dénoncé des inversions de scores à Akanda, poussant le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, à revoir sa copie.
Au regard des maigres résultats engrangés par les partis de l’opposition historique qui ont accompagné la transition, tout laisse à penser qu’ils ont été floués par le nouveau parti présidentiel, l’UDB, et leur vieil adversaire, le PDG.
À quelques mois de la fin de la transition, ces partis parviendront-ils à retrouver leur liberté de ton et, par ricochet, l’aura d’antan nécessaire à l’épanouissement démocratique du pays ?