Pour rappel, le tribunal correctionnel de Libreville était saisi de deux citations directes, l’une visant François Ndong Obiang et l’autre Persis Lionel Essono Ondo, dans le cadre de la lutte intestine pour le contrôle du parti Réagir (Réappropriation du Gabon pour son Indépendance et sa Reconstruction). Ces figures étaient poursuivies pour de présumés faits de faux, usage de faux et falsification de cachets.
Me Thierry Nguia a d’abord contextualisé l’intervention de son cabinet : “Le cabinet Nguia occupe pour le parti politique Réagir devant le tribunal correctionnel de Libreville dans le cadre de deux affaires distinctes, introduites par deux citations directes par voie d’huissier, contre d’une part Monsieur Ndong Obiang François et d’autre part Monsieur Essono Ondo Persis Lionel.”
C’est concernant le premier dossier que la décision du tribunal a provoqué l’ire de l’avocat. Après avoir rappelé le déroulement de la procédure (“Dans le premier cas, l’affaire avait été appelée lors de précédentes audiences. Elle a été plaidée. Les avocats de Monsieur Ndong Obiang étaient présents. Le 8, l’affaire avait été mise en délibéré pour le 8 mai et la décision a été rendue à cette date.”), Me Nguia a exprimé son désaccord profond avec le fondement juridique de la décision, mettant en lumière l’absence d’examen des preuves.
“Le tribunal a vidé sa décision en retenant l’exception d’immunité parlementaire qui avait été opposée par les avocats de Monsieur Ndong Obiang, dans le but d’empêcher que l’action de Réagir soit examinée au fond et puisse mettre en lumière la responsabilité pénale de Monsieur Ndong Obiang dans cette affaire de falsification de signature, fabrication et utilisation de faux cachets, etc.”, a-t-il déclaré, soulignant l’enjeu de la procédure pour son client et le fait que la justice n’a pas statué sur la véracité des accusations.
C’est ensuite que l’avocat a exprimé son point de vue critique sur l’application de l’immunité parlementaire dans le contexte actuel : “Donc le tribunal a rejeté, a débouté Réagir sur la base non pas d’un examen au fond de l’affaire, mais uniquement parce qu’il a retenu – et c’est pourtant discutable – qu’un député de la transition puisse exciper d’une immunité parlementaire qui, normalement, devrait concerner uniquement des députés élus, des députés réguliers. Ça, c’est notre point de vue.” Cette insistance sur le caractère “discutable” de la décision et la précision de son “point de vue” témoignent de la conviction de Me Nguia quant à la fragilité juridique de l’argument retenu par le tribunal, et de sa frustration face à l’impossibilité d’établir la vérité des faits devant la justice pour l’instant.
Concernant l’autre procédure, visant Persis Lionel Essono Ondo, l’avocat a brièvement indiqué que l’affaire avait été renvoyée : “S’agissant du second dossier, de la seconde procédure pénale portée contre Essono Ondo Persis Lionel, et bien lors de la dernière audience de mise en état devant le tribunal correctionnel, des avocats se sont constitués pour lui et ont sollicité un renvoi de l’affaire. L’affaire revient donc le 22 de ce mois, le 22 mai, devant le tribunal correctionnel.”
L’argument de l’immunité parlementaire, jugé “discutable” par l’avocat, a empêché un examen au fond des accusations contre François Ndong, laissant planer l’incertitude sur la suite de cette bataille juridique et politique au sein du parti.