Lors d’une conférence de presse hier, le DG a contre-attaqué les accusations de « dérives managériales », affirmant que les syndicalistes orchestrent une « cabale » visant à préserver des privilèges illicites que la nouvelle ère de transparence à l’AGASA (Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire) a éradiqués.
« La cabale s’est donc ouverte. L’idée étant de faire le maximum de bruit parce qu’on est habitué à voir en territoire gabonais que si on crie fort contre un DG, les autorités vont réagir et amener ce DG à sortir plus ou moins, à le démettre de ses fonctions », a-t-il déclaré.
Le Poids d’un héritage : corruption et dette colossale
Dès son arrivée en décembre dernier, le Dr. Bi Ntougou s’est vu confier le mandat de « redresser la maison ». Le diagnostic fut sans appel : il a hérité d’une agence « gangrénée par la corruption », plombée par le détournement des recettes et croulant sous une dette de 938 millions de francs CFA. Plus grave encore, la structure était dysfonctionnelle, incapable d’assurer sa mission de contrôle permanent sur le territoire.
Le DG a pointé du doigt les agents aux postes clés depuis près de quatorze ans, dont certains géraient les recettes en ligne, permettant la manipulation des chiffres. Ce problème, insiste-t-il, n’est pas lié à l’individu à la tête de l’agence, mais au système que ces agents avaient patiemment établi. Son action, dès lors, devait être une rupture totale.
La transparence : la stratégie contre l’opacité
Pour mettre fin à l’opacité, le Dr. Bi Ntougou a mis en œuvre l’Ambition Stratégique 2027, dont le point névralgique est la décentralisation de l’autorité. En créant des brigades permanentes de contrôle et des délégations provinciales à Libreville, Owendo et Akanda, le DG a atteint un double objectif. Premièrement, il a rendu l’AGASA plus efficace sur le terrain, une nécessité pour un service public vital. Deuxièmement, et surtout, il a « dilué le pouvoir » des anciens chefs de service et mis fin à la « puissance de chantage » qu’ils exerçaient sur les opérateurs économiques.
Auparavant, la corruption permettait aux établissements fermés pour non-conformité d’être rouverts « comme par magie ». Aujourd’hui, avec la reddition de comptes directe au DG, cette pratique a cessé. Le DG a affirmé sans détour : « La grève que vous avez aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un mécontentement d’un groupe de personnes […] qui est en train de perdre ses acquis. » Ces acquis incluaient le financement de « tontines » internes grâce aux recettes détournées. Les résultats sont là pour le prouver : en seulement trois semaines, les recettes propres de l’AGASA ont triplé.
Une ethique de gestion face aux accusations
Face aux attaques, le Dr. Bi Ntougou a prouvé son intégrité et son engagement social.
Il a défendu le recrutement de nouveaux agents par la nécessité d’atteindre l’effectif minimum pour l’efficacité, soulignant l’aspect social du programme AGASA Compétences qui insère les jeunes diplômés gabonais : « Je vais vous étonner en vous disant que le syndicat s’est opposé à cette action en disant qu’on est dans la perspective d’accroître la masse salariale (…) Mais chaque jeune produit, et il produit pour son salaire, il produit pour sa rémunération de stage », a-t-il révélé.
Il a également rétorqué aux accusations de mauvaise gestion financière en révélant un geste fort : il a renoncé à ses propres avantages (carburant, indemnités) pour dégager des économies. Cet effort personnel a permis de commencer le remboursement de la dette sociale (CNSS et CNAMGS) qui s’accumulait depuis 2021.
« Nous nous sommes fixés nous-mêmes des indicateurs de performance que nous devons atteindre », mais « cette rationalisation de la gestion de l’agence ne fait pas partie des habitudes des uns et des autres. Cette nécessité de répondre de manière efficace à un service public ne fait pas partie des préoccupations des uns et des autres. Alors ils sont en grève et je l’assume », a-t-il déclaré.
Preuve de sa volonté de transparence, le DG a même proposé aux syndicalistes, lors des négociations, d’intégrer une commission de suivi des comptes de l’agence. « Je ne suis pas en contact avec l’argent », a-t-il insisté, réfutant l’idée qu’il puisse être à la fois inattentif aux finances et détourneur de fonds.
Le Dr. Bi Ntougou assume entièrement la confrontation, insistant sur le devoir de redevabilité qui lui incombe. Il n’agit que pour appliquer les instructions de l’État. Il a fixé un indicateur de performance ultime : l’atteinte du « triple zéro » (zéro produit impropre) dans trois ans.
En conclusion, le Dr. Jean Delors Biyogue Bi Ntougou assume la résistance qu’il rencontre, car il est convaincu que le prix à payer pour l’assainissement de l’AGASA et la sécurité alimentaire des Gabonais est l’arrêt des privilèges illégitimes de quelques-uns.