Une politique étrangère et des nominations incohérentes
Alain-Claude Bilie-By-Nze a débuté son allocution en s’attaquant au silence du gouvernement sur des questions de souveraineté nationale. Il a souligné que, malgré la glorification de l’indépendance et de la souveraineté lors de la traditionnelle allocution du 17 août, aucune mention n’a été faite de l’île Mbanié qui appartient désormais à la Guinée-Équatoriale selon les conclusions de la Cour internationale de justice. « A-t-on définitivement perdu cette île ? Il faut qu’on nous dise », a-t-il lancé, exigeant également des précisions sur le sort des localités proches de Ngomo et Ebebiyín qui devraient revenir au Gabon.
L’ancien chef du gouvernement a ensuite critiqué la déclaration annonçant la fin de la géopolitique, affirmant qu’il s’agit d’une “condamnation posthume” d’Omar Bongo Ondimba. Il a qualifié cette décision de surprenante, car elle semble opposer géopolitique et compétence. Bilie-By-Nze a mis en lumière l’incohérence de cette position, en citant la nomination de délégués spéciaux originaires des villes qu’ils dirigent, comme Rapontchombo à Libreville et Rizogo à Port-Gentil.
« Quelle cohérence y a-t-il à avoir nommé les généraux Rapontchombo, Rizogo, respectivement à la commune de Libreville et de Port-Gentil, dont ils sont originaires ? », s’est-il interrogé, dénonçant une politique de nomination qui, malgré les déclarations, reste basée sur des critères géopolitiques et ethniques.
Le développement communautaire : une notion “inflammable”
Alain-Claude Bilie-By-Nze a également exprimé ses inquiétudes quant au “plan de développement communautaire” lancé par le gouvernement, une initiative qu’il juge contraire à la Constitution gabonaise. Selon lui, cette approche remplace le concept de développement par le territoire par celui de la “communauté”, une notion « mal définie et potentiellement inflammable ». Il a rappelé que la seule référence constitutionnelle à une “communauté” concerne les communautés religieuses et non les communautés ethniques.
Il a par ailleurs remis en question l’objectif affiché d’atteindre un taux de croissance de 10 %, le qualifiant d’objectif qui « se situe à rebours des prévisions de toutes les institutions financières internationales ». L’opposant s’est également interrogé sur la capacité du pays à attirer des investisseurs dans un contexte de forte dette publique et de manque de lisibilité des finances publiques, citant au passage le conflit d’intérêts dans lequel se trouve le ministre de l’Économie Henri-Claude Oyima.
La démocratie et la liberté d’expression en péril
Alain-Claude Bilie-By-Nze a vivement dénoncé une démocratie en recul, caractérisée, selon lui, par une justice instrumentalisée, le musellement de la presse et l’absence de financement public pour les partis d’opposition. Il a rappelé les cas de journalistes et d’activistes qui, en critiquant la gouvernance actuelle, sont traqués et menacés.
Pour remédier à ces dérives, le leader d’opposition a formulé des propositions. Il souhaite qu’un groupe de travail soit mis en place avec des consultations populaires pour déterminer le statut de Libreville et des villes cosmopolites, suggérant que cela pourrait potentiellement mener à un report des élections. Il demande également l’instauration de minima sociaux pour soutenir les populations face à l’érosion du pouvoir d’achat, ainsi que la revalorisation des salaires, des pensions de retraite et l’instauration d’une prime de rentrée scolaire. Une autre proposition majeure est la construction d’une extension de l’Université Omar Bongo afin de compenser l’arrêt du financement des bourses d’études à l’étranger. Enfin, il réclame un financement clair de la démocratie, garantissant que tous les partis politiques et candidats reçoivent des fonds publics.
Alain-Claude Bilie-By-Nze a conclu en affirmant que son parti, Ensemble pour le Gabon, se tiendra aux côtés des populations face à ce qu’il a appelé « les dérives du pouvoir » et a promis de rester vigilant sur tous les sujets.