Un lourd fardeau que le chef de l’État devra assumer dans son bilan. La problématique de la SEEG illustre les 19 mois de la transition : des promesses non tenues, des chantiers à l’arrêt, une corruption omniprésente et une impunité persistante. Pour de nombreux Gabonais, cette crise énergétique est le symbole d’un pouvoir incapable de résoudre les problèmes essentiels du quotidien.
Si le ministère de l’Intérieur n’a pas encore répondu favorablement à la demande d’un collectif de citoyens pour la tenue d’une marche de protestation prévue ce samedi 8 février 2025, la colère populaire se fait déjà entendre. Excédés par des mois de délestage, les Gabonais ont entamé un mouvement inédit : un concert de cocottes chaque soir, dès les premières coupures de courant, depuis le lundi 3 février. Un geste de défiance envers les autorités, qui rappelle les manifestations de mécontentement de 2021 pour protester contre les mesures restrictives adoptées par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, lesquelles, selon de nombreux Gabonais, violent allègrement leurs libertés individuelles, ainsi que celles de 2023, à l’occasion du One Forest Summit de Libreville, pour dire non à la venue d’Emmanuel Macron au Gabon.
Face à cette situation explosive, Oligui Nguema a convoqué, plus tôt lundi 3 février, au Palais Rénovation, son tout nouveau ministre de l’Énergie, Séraphin Akoure Davin, et les acteurs du secteur énergétique. Objectif affiché : trouver une solution rapide pour sortir de l’impasse. Mais cette réunion de crise a un goût de déjà-vu. Depuis moins de deux ans, la SEEG a connu trois directeurs généraux sans que le problème ne soit jamais réglé.
Derrière cette crise énergétique, c’est toute la gestion de la transition qui est mise en cause. Malgré les promesses de rupture et de redressement, l’administration Oligui Nguema peine à convaincre. La population attend des réformes profondes et une amélioration de ses conditions de vie, mais elle fait plutôt face à une aggravation des difficultés.
Alors que l’élection présidentielle approche, la question de l’électricité devient un enjeu politique central. S’il est candait, le chef de la transition pourra-t-il rassurer les électeurs et éviter que cette crise ne se transforme en handicap électoral ? Ou paiera-t-il, dans les urnes, le prix de cet échec ?