Selon une déclaration de REAGIR datée du 21 juillet 2025, l’ambiance est électrique au sein du parti. L’ex-leader est pointé du doigt pour s’être autoproclamé porte-parole du parti, une initiative qui, selon ses anciens camarades, n’avait qu’un seul but : s’attirer les bonnes grâces du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema. Le parti dénonce une “posture basée sur le mensonge, la ruse et l’usurpation”, qui entache sérieusement leur crédibilité, tant au Gabon qu’à l’étranger.
Une ascension fulgurante, des statuts piétinés
Pourtant, REAGIR avait débuté sous de bons auspices. Fondé en février 2021, le parti a vu Ndong Obiang et Jean-Valentin Leyama cooptés comme président et secrétaire exécutif lors d’un congrès extraordinaire en mars 2022. Et ici, le parti insiste : Ndong Obiang n’a jamais été fondateur de REAGIR, contrairement à ce qu’il prétend. Le charme de REAGIR résidait justement dans son originalité : un parti sans leader providentiel, basé sur une gouvernance horizontale et la prise de décision par consensus. Son engagement pour l’état de droit, la démocratie et la justice sociale, couplé à une indépendance farouche vis-à-vis du pouvoir, lui avait rapidement valu la sympathie populaire.
Mais le vent a tourné après les événements du 30 août 2023 et la mise en place des institutions de la Transition, suite à la chute du régime d’Ali Bongo par un coup d’Etat. Fort de l’influence de REAGIR au sein d’Alternance 2023, Ndong Obiang a été nommé Premier Vice-président de l’Assemblée nationale de la Transition. Un poste à haute responsabilité qui, selon les statuts du parti (articles 16 et 34), était incompatible avec ses fonctions de président de REAGIR, nécessitant un intérim.
Un intérim houleux, une rébellion ouverte et la rupture
Au début, Ndong Obiang aurait refusé catégoriquement de respecter les règles, voulant cumuler les deux casquettes. Mais, mis en minorité par le Bureau exécutif, il a dû se résoudre à nommer Guy-Roger Aurat Reteno comme président intérimaire. À partir de ce moment, Ndong Obiang n’avait plus aucune légitimité pour parler ou agir au nom de REAGIR.
Sauf que, visiblement, cette mise en retrait temporaire n’était pas à son goût. Il aurait continué à s’exprimer au nom du parti, avec des prises de position unilatérales. Pire encore, il est accusé d’avoir carrément utilisé un faux cachet pour écarter cet intérimaire jugé “moins malléable”, sans la moindre concertation du Bureau exécutif (article 32 alinéa 3 des statuts). Il l’aurait ensuite remplacé par Persis Lionel Essono Ondo.
C’est là que le divorce est acté : les deux hommes auraient créé une branche dissidente du parti, avec pour objectif de soutenir Oligui Nguema en échange de “strapontins”, bafouant ainsi l’indépendance chère à REAGIR.
Exclusions, occupation illégale et une affaire en justice
Face à cette scission flagrante, la réaction du Bureau exécutif de REAGIR ne s’est pas fait attendre : le 11 novembre 2024, François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo ont été purement et simplement exclus du parti, notamment pour “atteinte à l’unité” et “défaut de versement des cotisations”.
Et l’affaire ne s’arrête pas là. Depuis décembre 2024, les deux hommes et leurs partisans sont également accusés d’avoir occupé, de force et sans droit ni titre, le siège du parti, et n’auraient, sept mois après, toujours pas payé le moindre loyer !
Comble de l’ironie, cette alliance de circonstance entre Ndong Obiang et Essono Ondo s’est finalement brisée. Essono Ondo a démissionné avec fracas pour fonder sa propre formation politique, accusant Ndong Obiang d’abus de pouvoir et, cerise sur le gâteau, confirmant l’usage d’un faux cachet pour sa propre nomination comme président intérimaire.
Aujourd’hui, les deux anciens complices sont poursuivis pour faux et usage de faux, ainsi que violation de domicile. Ndong Obiang, qui s’était un temps abrité derrière son immunité parlementaire, l’aurait perdue en entrant au Gouvernement. L’affaire est désormais entre les mains de la justice. REAGIR parviendra-t-il à se relever de cette crise majeure ? L’avenir nous le dira.
Dans ce contexte de turbulences, c’est Michel Ongoundou Loundah qui a pris les rênes du parti REAGIR. Candidat recalé à la présidentielle du 12 avril dernier par la Commission Nationale d’Organisation et de Coordination des Élections et du Référendum, il s’efforce désormais de ramener la sérénité et la ligne originelle au sein d’une formation secouée de toutes parts.