Un comité contesté et des accusations envers l’ancien Premier ministre
Le comité en question, composé notamment de Georges Mpaga, Judith Lekogo, Pierre Mintsa, et Ondo Gaston Mindoungani, a pour mission de jouer les médiateurs entre les populations déguerpies et le gouvernement. Cependant, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso dénonce une approche qui, selon lui, vise à couvrir les manquements du gouvernement et à désigner l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima comme le principal responsable de la situation, exigeant de lui la liste des déguerpis.
La mission fondamentale de la société civile en question
Dans son intervention, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso insiste sur la nature non gouvernementale de la société civile. “La société civile n’est pas un démembrement du gouvernement ni un valet de l’exécutif. La mission de la société civile n’est pas de se supplier à l’exécutif”, a-t-il fermement déclaré. Il met en garde contre le risque de décourager les jeunes générations engagées dans l’action citoyenne, soulignant que la confusion entre la société civile et les organes gouvernementaux peut nuire à la perception publique et à l’efficacité de son action.
Il a également tenu à clarifier la nature de l’engagement des acteurs de la société civile au sein de la transition : “Même si nous avons été nommés, nous avons été nommés pour accomplir une mission républicaine. Nous n’avons pas été nommés, (…) on n’a pas eu une monnaie d’échange entre la transition et nous acteurs de la société civile, comme pour dire “on vous nomme et en retour, vous êtes à notre service”. Ce n’est pas ça, ce n’est pas ce que j’ai entendu. Il faut qu’on arrête. Là, je parle vraiment avec le cœur, parce qu’on appartient tous à la même famille.” Il a ajouté avec emphase : “Je ne veux pas accepter qu’on se mette à ternir ces engagements, ces années de lutte pour des choses qui n’ont ni tête ni queue.”
Cohérence et responsabilités : Ndong Sima, le bon interlocuteur ?
Foumboula Libeka Makosso critique la demande de listes adressée à Raymond Ndong Sima, arguant que le Premier ministre est un coordinateur et non le technicien direct des dossiers. Selon lui, c’est le ministre de l’Habitat (Ndlr : Ludovic Megne Ndong), en fonction au moment des faits et toujours en poste sous la transition, qui devrait être sollicité pour fournir ces informations. “Le travail d’un chef de gouvernement n’est pas un travail de technicien, c’est un travail de coordination”, a-t-il expliqué, s’interrogeant sur la logique de demander à un ancien responsable de fournir des documents que ses successeurs devraient détenir.
Il pointe du doigt l’incohérence de cette démarche : “Donc, c’est Ndong Sima, après avoir mis fin à ses fonctions, qui serait allé avec toute la documentation de l’État chez lui.” Pour lui, cette exigence revient à faire de l’ancien Premier ministre un “bouc émissaire” alors qu’il n’est plus en fonction.
Un appel à l’objectivité et à la reconsidération de la démarche
Geoffroy Foumboula Libeka Makosso appelle ses collègues à un examen de conscience et à un retour aux principes fondamentaux de la société civile. “Je ne suis pas solidaire dans le faux. Il faut qu’on se ravise, qu’on revienne à l’essentiel,” affirme-t-il avec force. Il insiste sur le fait que le rôle de la société civile n’est pas de “couvrir les manquements du gouvernement”.
Il conclut en plaidant pour une médiation objective : “Si vous voulez mener une médiation, menez cette médiation de façon objective en demandant à l’État de remettre entre vos mains les éléments ayant conduit à cette démolition.” Une telle approche permettrait, selon lui, d’accompagner l’État à trouver un juste milieu pour les victimes, sans chercher à attribuer des responsabilités de manière arbitraire.
La prise de position de Geoffroy Foumboula Libeka Makosso soulève des questions fondamentales sur le rôle et l’indépendance de la société civile gabonaise, particulièrement dans le contexte actuel de transition.