La situation semble pour le moins chaotique. Alors que les élections approchent, le ministère de l’Intérieur est pointé du doigt pour une gestion désastreuse de la publication des listes de candidatures. Retards, listes additives, dossiers égarés… la confusion est totale, et les candidats s’inquiètent de ne pas pouvoir faire valoir leurs droits.
C’est dans ce contexte que le président de la République et chef du Gouvernement, Oligui Nguema a publié un communiqué, sur ses réseaux sociaux, pointant du doigt les « irrégularités » et appelant les « autorités compétentes » à faire preuve de « transparence, de rigueur et de respect des règles républicaines ».
Si la fermeté du chef de l’État peut paraître légitime, elle n’en est pas moins un “non-sens” pour Alain-Claude Bilie-By-Nze. Dans un tweet cinglant, l’ancien Premier ministre a directement interpellé le président, lui rappelant un fait constitutionnel majeur : la nouvelle Constitution, adoptée en novembre 2024, fait du président de la République le chef du gouvernement. De ce fait, le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, agit sous son autorité directe.
La critique de Bilie-By-Nze est précise. Il dénonce l’incohérence d’une communication présidentielle qui se détache de l’action de son propre gouvernement. Comment le chef du gouvernement peut-il se plaindre que des « informations troublantes » lui « parviennent » concernant des irrégularités commises par l’un de ses ministres ? C’est comme si le capitaine d’un navire se plaignait que l’équipage gère mal la cargaison, tout en étant lui-même aux commandes.
Selon l’ancien Premier ministre, l’appel à la responsabilité lancé par Oligui Nguema aurait dû d’abord s’appliquer à lui-même.
Cette controverse met en exergue une question fondamentale : celle du rôle et de la responsabilité du président de la République dans le nouveau cadre constitutionnel. La constitution a voulu donner des pleins pouvoirs au chef de l’État, il en est désormais l’architecte du gouvernement, contrairement à la précédente constitution, un membre du gouvernement ne peut plus servir de fusible au chef de l’État.
Le rôle de chef du gouvernement n’est plus un simple titre honorifique, il implique une responsabilité directe sur la conduite des affaires publiques, et les actions ou inactions des ministres qui sont sous sa responsabilité.
La réaction de Bilie-By-Nze est d’autant plus pertinente qu’elle met en lumière le paradoxe de la situation : le président est à la fois le garant de la régularité du processus électoral et le chef de l’autorité qui est en train de faillir à sa mission.
En se positionnant comme un simple observateur des dysfonctionnements, Oligui Nguema ne fait que souligner l’ambiguïté de sa position.
Avec la nouvelle constitution, La balle est désormais dans le camp du président de la République, qui doit démontrer sa capacité à incarner pleinement sa double fonction et à assumer les responsabilités qui en découlent sous la 5e République.