Le naufrage actuel face au Mozambique n’est pas un accident de parcours ; c’est le résultat terminal d’une absence de politique nationale en matière de football. L’amertume est d’autant plus vive que le Gabon a eu toutes les cartes en main pour dominer le continent : l’organisation de deux CAN (2012 et 2017) aurait dû constituer un levier historique. Pourtant, les investissements massifs en infrastructures et l’effet de levier censé catalyser l’éclosion de pépites locales n’auront été que pure illusion. Ce qui devait être le socle d’une puissance sportive n’est devenu qu’un décor de théâtre sans vie, faute d’une vision pour l’habiter.
Derrière la faillite technique observée sur le terrain se cache une gestion que les observateurs, à l’instar de Romain Molina, qualifient de « cataclysmique ». Comment espérer la victoire quand la préparation est « faite à l’arrache » et que les coulisses sont polluées par des querelles de primes au mépris de l’intérêt national ? La façade — l’aura de nos quelques stars — ne peut plus masquer le délabrement d’un système qui ne produit plus rien.
Le constat est implacable : avec un effectif désormais composé majoritairement de joueurs évoluant en deuxième division en Europe, le Gabon paie le prix de son incapacité à détecter et à former au plus haut niveau. Le pays présente l’une des sélections les plus âgées du continent. La faute n’incombe pas aux cadres comme Aubameyang ou Ecuele Manga ; ils sont les derniers remparts d’un désert sportif.
L’échec est celui d’une gouvernance erratique qui a laissé mourir le football local
Le football gabonais est aujourd’hui un corps sans organes. L’absence prolongée d’un championnat national régulier a tué la relève. Plus grave encore, le sport scolaire et interuniversitaire, jadis pépinières de talents et véritables poumons de la détection nationale, sont devenus des terres arides. Sans compétitions à la base, il n’y a plus de brassage, plus d’élite locale et plus de futur. Nos dirigeants sportifs préfèrent la navigation à vue et les choix dictés par des raisons politiques plutôt que par l’expertise technique.
Il n’est plus l’heure de bricoler. Il ne suffit plus de changer un entraîneur ou d’espérer un exploit individuel. Si nous voulons éviter que le football gabonais ne devienne qu’un souvenir, il faut appliquer la méthode forte : tout casser pour reconstruire. Il est impératif d’assainir les instances et, surtout, de relancer une véritable politique sportive qui commence dans nos écoles et nos universités. Afin que les Panthères rugissent à nouveau, le Gabon doit avoir le courage de détruire ce modèle obsolète pour enfin bâtir l’avenir.










