Une méthode de publication sélective qui interroge
Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a choisi de ne publier que les têtes de liste pour les élections locales, laissant le reste des noms dans l’ombre. Cette décision, inhabituelle, n’est pas sans conséquence et pourrait avoir un but bien précis. Normalement, c’est l’ensemble de la liste qui est solidaire et soumise au vote, et donc, qui doit être rendue publique pour garantir la transparence. Pour rappel, encore, les électeurs ne votent pas les têtes de listes, mais l’ensemble de l’ensemble de la tête de liste.
Soupçons d’un arrangement politique ?
Cette opacité nourrit les soupçons d’un arrangement politique entre l’ancien parti au pouvoir, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), et le nouveau parti présidentiel, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB). L’hypothèse est que cette publication partielle a pour but de cacher la présence de candidats qui, ayant récemment quitté le PDG pour rejoindre l’UDB, ne respecteraient pas le délai de quatre mois stipulé à l’article 82 du Code électoral gabonais. Cet article est clair : si un candidat n’a pas quitté son ancien parti dans les délais, son élection peut être annulée.
Une lettre comme preuve
La lettre envoyée le 5 août par Angélique Ngoma, la secrétaire générale du PDG, à l’UDB, est une preuve tangible des tensions existantes. Elle y met en garde contre l’investiture de “démissionnaires” qui ne disposent pas du “quitus” nécessaire, un document prouvant qu’un militant est libre de tout engagement envers son ancien parti. Cette lettre, qui se termine par une mise en garde sibylline (“Afin de prévenir tout contentieux (…) nous sollicitons votre intervention”), indique que le PDG est au courant de la situation et pourrait initier une action en justice.
Un possible contournement de la loi
Le fait que le ministre de l’Intérieur ne publie que les têtes de liste suggère qu’il pourrait y avoir une entente à l’amiable ou un arrangement en coulisses. Le temps non officiel ainsi gagné permettrait aux militants concernés de se procurer des documents antidatés prouvant leur démission du PDG, rendant ainsi caduque toute contestation future. Si cela se confirmait, ce serait une violation flagrante de la loi, notamment du code électoral et une preuve de plus que les règles du jeu électoral sont contournées pour servir des intérêts politiques.
La Cour constitutionnelle devrait se pencher sur cette problématique et sauf surprise déclarer irrecevable ces listes.