Cette relégation n’est pas une simple défaite sportive. Elle soulève une question cruciale : existe-t-il un lien direct entre la chute de ce club emblématique – l’un des rares au Gabon à disposer d’un centre de formation ayant révélé des talents comme le défunt international Aaron Salem Boupendza – et les déboires judiciaires de son propriétaire, l’homme d’affaires et homme politique Hervé Patrick Opiangah ? Recherché par la justice depuis novembre dernier pour une affaire de mœurs et d’atteinte à la sûreté de l’État, Opiangah voit également la holding de ses entreprises sous scellés.
Pour Kennedy Ondo Mba, journaliste sportif, la corrélation est indéniable. « La descente en D2 du CF Mounana est liée malheureusement à l’absence de son président Fondateur », explique-t-il. Cette absence a eu des conséquences financières désastreuses : « Étant le seul signataire des comptes du club, le président intérimaire n’a pas pu avoir accès aux comptes du club malgré le procès-verbal de l’assemblée générale. »
Le manque de liquidités a paralysé le club tout au long de la saison. « Du coup, durant la saison, le club a eu du mal à fonctionner faute de financement. Même les 73 millions de francs CFA que l’État avait alloués aux clubs de D1 notamment, le président intérimaire n’a pas pu avoir accès à cet argent pour la raison que j’ai donnée plus tôt », précise Kennedy Ondo Mba.
Le verdict est sans appel : « Malheureusement, tout ceci n’a pas fait bon ménage autour du club. D’où la descente logique en deuxième division. »
Au-delà du cas du FC Mounana, cette situation met en lumière une fragilité structurelle du football gabonais. « Cette situation vient sur la table le rattachement des clubs à des individus, or un club de football ne doit pas dépendre exclusivement d’une personne », insiste le journaliste. Il souligne que cette dépendance est quasi généralisée : « Tous les clubs du Gabon sont dans la même situation excepté l’AS Mangasport. »
La relégation du FC Mounana, directement imputable aux difficultés de son propriétaire, sonne comme un avertissement. Elle met en évidence la nécessité urgente de réformer la gouvernance des clubs de football au Gabon, afin de les prémunir contre les aléas personnels de leurs dirigeants et d’assurer leur viabilité à long terme. La chute de Mounana restera un exemple amer des conséquences de cette dépendance.