Le chef de l’État a annoncé que le principe de « la compétence du citoyen primera dorénavant sur ses origines ethno-régionalistes ». Pour lui, la « géopolitique », qui a longtemps régi le fonctionnement de l’administration et du gouvernement, n’a « pas porté les fruits escomptés ».
Un système hérité de l’ère Bongo Père
La « géopolitique » est un système politique mis en place par l’ancien président Omar Bongo Ondimba. Il a consisté à construire un appareil politico-administratif basé sur des critères ethniques et régionaux plutôt que sur la compétence. En s’assurant l’allégeance des élites de chaque province, il a maintenu une stabilité politique quasi absolue durant son long règne. Cependant, ce modèle a souvent engendré le clientélisme, l’enrichissement de quelques-uns et a freiné le développement économique et social du pays.
À son arrivée au pouvoir en 2009, son fils, Ali Bongo Ondimba, avait tenté de réformer ce système avec sa politique de « l’égalité des chances ». Une tentative qui s’est heurtée à une forte résistance des dignitaires de l’ancien régime, qui se sont alliés à l’opposition. Ces derniers ont largement contribué à affaiblir son pouvoir, jusqu’au coup d’État d’août 2023 qui a mis fin à ses quatorze années de règne.
Le défi de la rupture
En annonçant la fin de ce système, le président Oligui Nguema s’attaque à une pratique profondément enracinée dans la société gabonaise, où les nominations par réseautage sont monnaie courante. La tâche s’annonce d’autant plus difficile que ses adversaires politiques, comme l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’accusent déjà de pratiquer un favoritisme basé sur le « copinage » et les liens familiaux.
La volonté affichée par le nouveau pouvoir de promouvoir la méritocratie est claire, mais le défi reste immense. Le temps dira si le président Oligui Nguema parviendra à défaire ce qu’Omar Bongo a construit et ce qu’Ali Bongo a échoué à démanteler.