Sa déclaration de ce 18 juillet, lue par l’un des rares cadres du PDG qui lui est resté fidèle, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, ne se contente pas de rejeter les purges internes ; elle esquisse une stratégie de reconquête du pouvoir, visant à transformer le PDG en fer de lance d’une opposition renaissante. La question cruciale demeure : cette manœuvre suffira-t-elle à Ali Bongo a reconquérir le PDG et à raviver les ambitions d’un parti déchu face à des militants écartelés entre deux factions rivales, à l’approche d’élections des élections législatives, départementales et municipales ?
Bongo contre Oligui : Une guerre d’influence à distance
La déclaration d’Ali Bongo ne se limite pas à un compte rendu des dissensions internes au PDG. Elle sonne comme une charge contre le régime d’Oligui Nguema, dénonçant une “ingérence inadmissible” et une tentative de “démonter le seul parti capable de constituer une opposition structurée”. En qualifiant le directoire provisoire d’“illégal et autoproclamé”, Bongo cherche à délégitimer toute tentative de marginalisation de son influence au sein du PDG. Son insistance sur l’héritage idéologique du parti vise à galvaniser les fidèles et à contrer l’attraction exercée par le nouveau pouvoir.
L’exil londonien de Bongo, loin d’être synonyme de retrait, semble être devenu le théâtre d’une intense activité politique. Sa décision de nommer Ali Akbar Onanga Y’Obegue, un fidèle parmi les fidèles, au poste clé de secrétaire général, est une démonstration claire de sa volonté de garder le contrôle des leviers du parti. Onanga Y’Obegue, figure de proue de la résistance au nouveau pouvoir, est désormais chargé de réorganiser le PDG et de préparer le parti aux échéances électorales à venir, sous la direction à distance de Bongo.
Une stratégie électorale en gestation
Si Ali Bongo a réitéré son retrait de la course aux mandats nationaux, sa manœuvre stratégique vise indéniablement à replacer le PDG au centre du jeu politique. La réforme statutaire envisagée, permettant de présenter un candidat à la présidentielle distinct du président du parti, ouvre la voie à de nouvelles alliances et à une possible succession orchestrée. Bongo, en conservant la présidence du parti, se positionne comme le stratège en chef, capable de peser sur les choix futurs et de négocier d’éventuels retournements de situation.
La question de la participation du PDG aux prochaines élections reste cependant en suspens. La rivalité entre les factions Louembé et Onanga Y’Obegue pourrait paralyser le parti. L’appel à l’unité lancé par Bongo sonne comme une tentative de surmonter ces divisions, mais la loyauté des militants reste partagée. L’enjeu est de taille : le PDG parviendra-t-il à présenter des listes unifiées sous l’égide de la direction désignée par Bongo, ou les dissensions internes profiteront-elles au nouveau régime et à ses alliés ?
Un avenir politique incertain
La tentative de “reconquête” d’Ali Bongo est un pari risqué. Son image reste associée à des années de pouvoir contesté, et le nouveau régime a entrepris de consolider sa légitimité. Cependant, le PDG conserve une base militante importante et une expérience politique considérable. La capacité de Bongo à mobiliser ses réseaux et à exploiter les éventuelles faiblesses du pouvoir en place sera déterminante.
À moins de deux mois des élections législatives, départementales et municipales, le timing de cette offensive n’est pas anodin. La clarification tant attendue par les militants pourrait donner un nouvel élan au PDG, mais elle pourrait aussi exacerber les tensions internes. Quid de la faction de Blaise Louembé ou celle d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue présentera des candidats aux prochaines joutes électorales au nom du PDG ?